Eclipsée

Au fond
de la femme éclipsée
un diamant d’eau soluble
toutes les formes sues et déçues
libèrent leurs fluides
les structures fondent
sous la mer reculant à
l’envers du passé
quand il  n’y a plus rien
reste la joie d’être

juste avant la fin
le sang buvait le temps
au goulot de
ciel et de
cendres claires et bleues
juste avant la fin
le temple de tes tempes battait
de l’aile
La belle affaire que d’exister

Elle et elle encore
mère et fille
mangées de silence et
dévouées à l’absence telle
la lune à la lune disparue
elle et elle se sentaient écailles
de poisson
fourrure sans frisson
fièvre d’été désenchantée
chair oubliée

bien que le futur veille au grain déjà
moulu toutes les formes ratent
leur but obligent à mourir
avant la mort
aucun port où rentrer –
comme un vieux chien
malgré lui gardien
aux yeux larmés et vidés
tu restes devant la porte
la joie d’être sans métaphore

la joie est ce collier qui
file
quand il n’y a plus rien
pour te distraire ni te
retenir
tout alors se laisse aller –

inlassable l’illusion peignait des
joncs de vérité sanguine – la veine de
tes mains où courait encore la vie
jamais insensible et si petite et fine –
la veine de tes mains
piquées à la couture des souffrances
que personne ne voyait plus
la veine de tes mains où
la lune s’en allait
en vain
comme une femme qu’on ne retourne plus

le jour bouge à peine
une heure et vingt et une étoiles
s’assemblent en carrousel
pendent au clou du rideau
peut-être verras-tu demain le soleil
lever sa
robe au verger d’os sa peau de faon

les formes s’en étaient toutes allées
le souffle épuisé s’effilochait
en laines mystérieuses que
le vent poussait à rompre –

ne restait
au fond
de la femme éclipsée
que la joie d’être
encore
sans flamme et
sans aurore –

 

 

Un commentaire Ajoutez le vôtre

  1. xab0003 dit :

    C’est si triste et à pleurer et à mourir
    pourquoi les hommes sont-ils si faibles

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