A la pluie à la nuit

La nuit à sa crue bercée
mêle sa langue à la bouche de pluie
grêle qui descend en lanière d’eau le
long du carreau je la suis d’un
doigt qui vapote et cherche le
très profond sous des airs
de s’en battre l’aile –
une larme au tracé hésitant
sinueux serpentant jusqu’à prendre
le temps d’une énigme insolite
de la beauté qui s’efface il n’est rien
d’autre
que la beauté de l’effacement –
tu n’as jamais été qu’un rêve au
bord de la nuit qui me borde –
la pluie frappe sans marteau elle
fait des petits bruits de ruissellement
dans lesquels on s’oublie
ce
en quoi je m’égalise et me tempère
est une forêt bronzée de noir
comme un long baiser d’amour
du soleil à la plage et
s’il fallait dormir dans le frisson des
fourrures aquatiques j’irai la
main incendiée –
la pluie m’enfance
la pluie m’éponge
la pluie mute le sang des
coeurs engivrés de dentelles à
la blanche indolence ce sont
de vieux chiffons d’un passé rance
qui se pivoine de chine et
d’encre bretelle – je te le promets
à la prochaine pluie je
mets les voiles et
m’inonde de ciel aux
perles de lait la
tête sous l’oreiller et encore
au front le
perce-neige d’une étoile –
à vrai dire il y avait aussi
l’odeur animale et mouillée
d’un ange
qui lave ses plumes et ne
crains pas de mourir d’un
flocon de mémoire assoupie
alors quoi?
bavarde et muette à la fois
j’étais pluie et
crinière d’un chien sans museau
qui passe sous ta peau à toute vitesse
je et nu et nuage




2 commentaires Ajoutez le vôtre

  1. barbarasoleil dit :

    Beauté incandescente…
    Je suis bien contente de te lire à nouveau, Hélène…

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