Neige de blanc navet
quelques branches de flambeau noir montent au ciel –
Le miel ivoire de la terre s’attache d’un ongle léger –
Pleine lune à la dissonance des coeurs – perte
abondante de sang comme une lumière atterrée
perturbations des champs magnétiques –
Je tricote quelques flocons
de paradis ou d’enfer ma foi il neige sur terre
plus qu’un coeur de dentelles –
La neige est bonté du silence
sur la mer qui s’imite bergère
flottent des moutons au gris de goéland –
Elle faisait un va et vient entre les vivants et
les morts la neige qui remontait le courant
laissant des traces de souliers au sablier du vent –
A ta chaussure était collée l’étiquette d’un mensonge
venu avec toi verser sa neige empoisonnée – qui t’a
enlevé la lumière qu’autrefois tu avais dans les yeux?
La neige sur ton épaule nue
m’évoque un oiseau à la conversation infinie –
Le matin il y a des petits diamants qui raflent la
mise de mes yeux – c’est si beau ces étincelles de feu
qui désertent la nuit –
Avec un gros crayon noir bien gras tout était
souligné les champs en rouleaux les feuilles en
morceaux la neige au kilo et plus un mot –
Il y a des choses dont jamais on ne se lasse
des instants des êtres qui sont comme des châteaux de
neige avec du pain de feu dedans –
J’étais comme une neige qui tombait seule
à l’odeur de farine et de sel
épandant son corps au regard disparu –
Vif et clair l’oiseau se tenait à la
barrière du quotidien – ton visage était comme
un texte indéchiffrable à la lucarne de mon coeur –
Comme la neige tu acceptes de t’effacer
de n’être plus qu’une page tournée se diluant à
la pensée des chaleurs oubliées – partir sur place –
Je ne sais rien de cette vacuité où le physique et l’onirique
ne sont pas séparés
où l’un et l’autre demande sans cesse communication pour dire
les mots qui toujours s’échouent comme choux blanc sur des bancs
de sable recouverts de fiente de goélands aveugles
Atteint de cécité spirituelle
le sens de l’ouverture apparait si fugitivement qu’il n’est jamais intégré
et retour à la case bouillasse à tous les étages
Je ne sais rien de ce flux si finement quantique
qu’il n’est mesurable que dans le miroir des vivants et des morts
la fébrilité et la vanité ne sont pas de mise dans ce pays là
les coups de botte au cul ici sont salutaires
Heureusement que tu es généreuse de ce côté là
Au pays de l’envers
dans la symétrie du miroir
ne m’attendez pas je ne sais pas quand je rentrerai
je vertigine des traversées de murs de béton
des corps vivants
des âmes désemparées qui ne réalisent pas leur situation
des cadavres à la pelle oui vous êtes bien en train de traverser un
cimetière sans périscope
ne m’attendez pas je dois accorder ma harpe
je vertigine les pensées des êtres qui me sont chers de mes proches
et autres de proche en proche de loin en loin
Heureusement que ma harpe est bien accordée
Si vous saviez le précipice
ne vous approchez pas si vous n’êtes pas prêts
c’est réellement dangereux ça peut rendre fou