C’est presque le printemps
la gorge des pierres ruisselle de matière
être le silence qui entend le silence –
C’est presque le printemps
presque le temps premier et doux
qui tout au bout du pont boit la lumière –
Faire avec ce qui nous manque
des souvenirs à la tête de poisson arrachée
flottent dans ton bol –
Le jour est ému de voir la peine des
hommes il y a tant de solitude aux
billets des nuages – collisions –
Grain de folie solaire aux rayures d’avion
marcher encore sur le chemin au
ravin de son coeur – alignement –
Des oiseaux chantent
sur les genoux d’étoiles rapiécées
quelques os en travers de la gorge –
Si tu as vraiment vu la rose
même ce qui en est fané porte son éclat
qu’importe le temps tu la vois telle qu’aimée –
A quoi bon résister?
l’herbe trie mes regards
ne laissant que craquements et carcasses –
Je n’ai pas fini le thé
je n’ai pas fini l’orage
sans visage je suis partie –
Ton épaule était un édredon
où le soleil dormait profond –
qui respire encore aussi court?
Je ne suis plus chez moi
seule la beauté rase la nuit seule
la lune est de blanc couteau –
C’est presque le printemps
tout est doux même la souffrance fait alliance
tiens toi par la main de l’instant –
Oui avec humilité et sans arrogance
je l’ai vu cette rose fugitive
aux mille pétales de voie lactée
sans fond dans une nuit étoilée d’été
à l’absolu de l’accélération du clair obscur
dans l’immobilité dynamique d’Indra
instant ultime de notre présence lumineuse
nous êtres humains derrière les fils les trames les mémoires
qui nous séparent comme la mort et la vie que nous croyons solide
comme l’eau gelée de notre arrogance
nous n’avons pas pris une ride et pourtant
nous tremblons nous nous raccrochons à nos fébriles identités de passage
Ah vous êtes ceci
et bien sachez que je suis cela …
Chemin des pierres précieuses
Personne ne sait d’où vient le vent
personne ne sait où va le vent
il est des jours sans vent où le soleil se reflète dans une mer d’huile vaste comme espace
il est des nuits où la lune se reflète dans un lac devenu miroir vaste comme l’espace
Puissance de l’attraction quand l’écho se libère de l’image
pluie de pierres précieuses sur la dalle sous les arcades infinies comme l’espace
chemin de lumière dans la trame incandescente
filament de braise
Quelques fleurs de paradis adossées au ciel de ton âme infinie comme l’espace