Voici un article du journal le monde encart « science et techno » du 10/01/13 d’Angela Sirigu, neuroscientifique, directrice de recherches, centre de neuroscience cognitive, CNRS-université Lyon-1. Cet article m’a paru intéressant en écho à ce que nous avons évoqué lors de l’atelier de décembre de Racines de la présence concernant l’empreinte neuronale et biologique des traumatismes, ici en l’occurrence des blessures d’exclusion.
En 2002, un groupe de physiciens, experts dans l’étude des mécanismes qui provoquent les vagues su les surfaces liquides, s’intéresse à un autre phénomène ondulatoire, d’origine humaine cette fois-ci : la ola. Observée pour la première fois lors du Mondial de football au Mexique en 1986, celle-ci se caractérise par une séquence de spectateurs bondissant de leur siège et soulevant les bras en l’air pour aussi vite se rasseoir, le plus souvent dans un sens horaire et à une vitesse constante de 20 sièges par seconde.
Cette impressionnante synchronisation de la ola peut s’apparenter à une forme de contagion sociale qui traduit un désir fort de ses acteurs d’être connectés les uns aux autres. Ce besoin d’attachement et de partage est bien enraciné dans le cerveau de nombreuses espèces, et tout particulièrement chez nous les primates. Lorsque ce lien est interrompu à la suite, par exemple, d’un rejet social, une douleur surgit, sue le cerveau traite en activant les mêmes circuits que ceux de la douleur physique.
Parmi les différentes régions impliquées dans ce processus, le cortex cingulaire antérieur (CCA), enfoui dans la face interne de nos hémisphères cérébraux, joue un rôle-clé dans la perception de ces deux formes de douleur. Chez l’animal, une lésion du CCA atténue la réaction de retrait en réponse à un stimulation douloureuse (stimulus nociceptif) et diminue aussi les vocalises de détresse provoquées lors de la séparation entre la mère et son petit, alors que la stimulation de la même région produit des effets inverses.
Chez l’homme, les étude de neuro-imagerie montrent que le CCA est activé à l’anticipation d’une stimulation douloureuse, alors qu’après résection thérapeutique de cette région, pratiquée dans certains cas de douleurs neurologiques sévères, les patients continuent à percevoir les stimuli nociceptifs, mais la douleur ne les dérange plus, comme s’il e restait plus que l’expérience sensorielle, privée de sa dimension affective.
En 2003, Naomi Eisenberger, de l’université de Californie à Los Angeles, a examiné grâce à l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle le cerveau des volontaires sains durant un simple jeu de balle simulé sur l’ordinateur. Chaque participant jouait avec trois partenaires fictifs qui, après une brève période d’échange, cessaient de lui envoyer la balle. L’activation du CCA était fortement augmentée durant la période d’exclusion, et ce d’autant plus que les sentiments de rejet éprouvées par le sujets étaient intenses.
Il faut noter qu’un dysfonctionnement du CCA, en particulier de la partie subgénuale, a été mis en cause dans les troubles de l’humeur et l’anxiété des patients déprimés et isolés socialement. Etre rejeté socialement fait tellement mal que les sujets de l’expérience d’Eisenberg préféraient être inclus dans le jeu sans rétribution monétaire plutôt qu’être exclus et gagner de l’argent.
Si notre cerveau ne distingue pas douleur physique et douleur sociale, les traitant comme pure souffrance, c’est que toutes deux ont des conséquences potentiellement délétères sur notre organisme. Or, notre système de santé est clairement mieux équipé pour soigner la première. Pourtant, avec la crise économique, une attention particulière devrait être portée aux conséquences de l’exclusion. Vous avez dit « Sécurité sociale »?
Cet article fait particulièrement résonance.Je n’ai pas encore toute les solutions, mais je réalise combien mon immersion dans le groupe constellation, et le fait de m’y sentir en sécurité, soutient mes petites expériences d’équilibre de mon monde intérieur. Merci pour cela, et pour tant encore!
Avec tendresse
Stéphanie