Voici une petite anecdote venant à propos nous stimuler sur le chemin du héros, en proie au ciment de la morosité quotidienne, extrait d’un livre de Péma Chödrön, les Bastions de la Peur, Editions La Table ronde, au chapitre : savoir se réjouir
Je me rappelle une cuisinière de l’abbaye de Gampo qui se sentait affreusement malheureuse. Comme pour la plupart d’entre nous, ses actions et ses pensées lui servaient à alimenter sa morosité; d’heure en heure, son humeur s’assombrissait. Un jour, elle décide d’essayer d’oxygéner les émotions qui l’assaillent en confectionnant des biscuits aux pépites de chocolat. Cependant, son plan échoue : laissés au four trop longtemps, ils sont secs. Mais au lieu de les jeter à la poubelle, elle les fourre dans ses poches et dans son sac à dos et sort prendre l’air. Elle se traîne sur le chemin de terre, la tête basse, l’esprit brûlant de rancoeur et se dit : « Mais où sont donc passées toute la beauté et la magie dont on me rebat les oreilles? »
A ce moment précis, elle lève les yeux. Elle aperçoit un renardeau qui avance vers elle. Son esprit s’arrête, elle retient son souffle et se met à observer. Le renard s’assied juste en face d’elle et la regarde, l’air d’attendre quelque chose. Elle fouille ses poches et en tire quelques biscuits. Le renard les mange et s’éloigne à petits pas. Plus tard, elle raconte cette histoire à tout le monde à l’abbaye et ajoute : « Aujourd’hui, j’ai appris que la vie est très précieuse. Même si nous sommes décidé à bloquer la magie, elle s’infiltre quand même et nous éveille. Ce renardeau m’a appris que, aussi fermé que nous puissions être, il est toujours possible de regarder à l’extérieur du cocon et de laisser la joie nous traverser. »
Suivi d’un poème de votre reinette, inspiré du moment et dédié à la voie du héros :
j’ai mis la baignoire debout, dans le jardin d’un vert doryphore, avec droit dedans la madone d’un coeur, médaillé de soleil.
A ses pieds d’enfant s’abreuvaient des bouquets de roses en plastique, au parfum de poupée neuve et nue.
Les roses enivraient l’air d’une liberté désemparée.
La madone aux voiles de berceau, aux mains délicates, à la ceinture de ciel bleu parsemait d’étoiles le panier de mon coeur sonore et tintinnabulant.
Au loin et si près à la fois, la charrette des anges allant au feu chantait de joie, des rêves autrefois brisées bougeaient leurs ailes et pourfendaient de beauté la lâcheté ambiante.
Alors tu osais prendre les armes de l’amour fou et résolu.
L’éventail ridé de ta peau se couvrait de baisers, tes mains faibles et tièdes prêtes à accueillir les oiseaux d’un rosaire de larmes.
La vie, en pain de terre, eau du ciel perlant à tes cils, contait tes nombreuses lignées.
O mère de pluie grande et belle, protectrice des souliers vernis de l’âme esseulée,
O mère de tendresse, au collier d’élans brisés, accorde mon coeur au rythme de tes bras.
J’ai mis la baignoire debout, dans le jardin d’un vert doryphore, avec droit dedans la madone d’un coeur émerveillé.
L’icône d’un éternel baiser est venue s’y figer en l’apparence d’une dame si belle qu’à ses joues de rosée la lune éclipsait son lapin,
je vis son manteau de ciel bleu, ses frontales étoiles fondantes de douceur.
A cette vision, ma peur s’en est allée de l’autre côté du jardin, loin avec le corbeau salutaire d’un champ orageux.
Ma peur a tendu ses draps aux ombres des papillons, ma peur s’est assise sur la margelle du puits, soudain a basculé et le coq a chanté sa devise : éveille toi, fais un pas, suis ton coeur là où il te mènera, donne la primauté aux joyeux ébats de la rosée, ainsi soit fée!
Pare-toi de tes plus beaux bijoux: vie, amour et joie.
Entoure-toi de tes plus beaux atours: roi, héros et fées.
Assieds-toi dans la cour de ton château.
Contemple les clairs de lune, les levers du soleil, les arcs-en-ciel…
Respire l’air léger de la vie.
Mets-toi en route dans cet espace qui t’est donné.
Vis ta vie à plein coeur.
C’est un univers de campagne humide , d’enfance , d’amour joyeux…j’aime ce voyage