Sur les pas d’Héraclès – comment repousser ses limites ?

Prochain atelier autour des contes : jeudi 12 juin, atelier de résonance de contes à St-Martin-Lestra

Ce que le monde met en moi, est-ce moi ?

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L’aventure de la conscience du héros débute avec la conscience que nous vivons en dessous de notre potentiel, même si nous restons dubitatif quant à ce potentiel que nous avons tendance à réduire à un contenu identifiable et certifié. Avec le parcours d’Héraclès, nous avons rencontré Eurysthée dont la mission est de donner une oeuvre à accomplir à notre héros de sorte qu’il repousse ses limites. Le héros est ce champ de conscience invité à sortir de son étroitesse. Cette étroitesse est le fruit des conditionnements, des croyances implicites et des peurs de ce que l’on ne connaît pas. Nous suivons Héraclès pour repousser les limites de ce carré de conscience auquel nous accordons trop de crédit, souvent, par l’absence de réelle remise en question.
Quelle plus belle image pour décrire cet élargissement de la conscience dans toutes ses dimensions que celle du voyage. Suivre l’appel irrésistible d’une destination où nous vivrons les parts belles de nous-même laissées en friche sur le carrelage des regrets et des regards quotidiens. Certes il ne suffit pas de voyager à l’étranger pour révolutionner sa vie. Ensuite on réintègre sa prison avec, dans un premier temps, de bons souvenirs qui aident à supporter l’ennui revenu. Il y a quand même quelques effets intéressants qui feront sens. Car le voyage extérieur invite au voyage intérieur, à être bousculé dans ses fondements, à se risquer à l’inconnu de soi. Le voyage véritable est sans fin, il est celui qui creuse un puits en direction de l’âme, de ce que nous sommes lorsque nous ne sommes pas ce que nous faisons, ce que nous pensons etc. Il est sans but au fond, la destination n’est qu’un prétexte à se confronter à soi dans le monde. Ce que le monde met en moi, est-ce moi? Ce voyage est notre vie même dans sa banalité la plus triviale et son humble simplicité. Aucun trip excitant ni décevant, plutôt un travail d’orfèvre à peaufiner à l’aide d’un guide avisé. Notre guide ici est Héraclès coaché par un Eurysthée pleutre et replié dans sa jarre. Comme quoi! il n’est pas nécessaire d’attendre la perfection d’autrui pour s’élancer.

Changer de regard sur soi

Quand on dit que c'est compliqué...Comment changer sa vie ? Comment actualiser son potentiel et trouver sa vraie place? En changeant de regard sur soi. Le premier pas est toujours dans la rencontre avec le Lion de Némée : laisser tomber les fausses images de soi pour découvrir sa vraie peau, naturelle, lumineuse, non fabriquée. Elle sera un talisman d’invincibilité, un refuge dans la tempête, une expérience ressource. A partir de expérience de nudité essentielle et solaire, il devient possible d’affronter les dangers du voyage. A peine la lumière s’est-elle montrée que les ombres pestilentielles des marécages émotionnels, des blessures de la bête à multiples déchirures en nous montre don visage immonde. Elle pourrait nous détruire, à moins que nous n’apprenions à agir différemment, plutôt que de s’acharner à faire tomber des têtes, nous apprenons à changer de regard, à voir la souffrance de la bête et à cautériser les blessures. Ce faisant notre pouvoir spirituel se révèle, notre don, ce qui nous a été donné et qui ne nous appartient pas mais qui demande à s’actualiser à travers nous pose le sceau du sanglier sur notre épaule. Animal solaire et sauvage dont la force brute demande à être intégrée. Elle le sera par la poursuite de la biche, spontanéité des douceurs innocentes qui, d’un éclair, lève en nous la confiance en la bonté souveraine toujours libre d’aller et venir. Moments magiques des clairs de lune où entrevoir au coeur du coeur les tendres bonds et soubresauts de l’amour qui sait si bien se cacher et réapparaître. A nous de le poursuivre avec patience, à moins que ce ne soit lui qui nous poursuive, de quêter jusqu’au pays des rêves s’il le faut ces nouvelles contrées auxquelles jusqu’ici nous ne prêtions aucune attention.

La chance de l’alouette

IMG_2362Nous voilà partis loin de nos fermetures. Si loin que nous découvrons avec plus de clarté comment notre ciel intérieur est assombri en quasi-permanence par les nuées d’oiseaux de pensées agressives et coriaces. Agressé par les cris infernaux de ces oiseaux voraces, nous utilisons le pouvoir du son à notre tour. Que ce soit un claquement de mains, un mantra récité, un son thérapeutique, STOP ! nous dissipons ces nuées. Le pouvoir de l’oiseau est alors manifeste : celui de s’élever et de jouer avec le vent dans l’infini dégagé du ciel. Nous laissons nos pensées émaner de la non pensée de l’espace ouvert, tel le héron de la pensée traversant avec élégance le ciel de la non pensée. L’esprit entre dans l’aisance de la beauté pacifiée et s’y meut avec délectation.

Le fruit des travaux précédents est de commencer à savoir repousser les limites de sa conscience habituelle, ne plus tomber aussi souvent dans ses pièges et en sortir si jamais nous nous sommes fait reprendre. Regarder autrement et agir avec habileté remet les choses à leur place sans avoir à détruire ces oiseaux. Nous desserrons la combinaison étroite des pensées pour sentir la fluidité des éléments : l’air, le vent, la chaleur du soleil, le bonheur de piquer terre et de rebondir au ciel.
Nous vivons la chance de l’alouette, messagère entre terre et ciel, à moins que nous ne nous laissions prendre dans un miroir aux alouettes? A ce stade nous nous sentons riches, comme s’il n’y avait plus rien à nettoyer. Malheureusement nous risquons d’être pris dans le mirage séduisant de l’autosatisfaction. Nous accumulons les richesses sans rien en faire. Au lieu d’être fécondes elles deviennent des poisons pour l’atmosphère, la nôtre et celle des autres. Trop de déchets non recyclés aboutissent à une source invalidée de ses fruits. Il est urgent de nettoyer, de faire appel à des forces plus grandes que nous pour revivifier ce corps et l’âme engourdis. Se faire piéger par le bien-être apparent est fréquent. Tout va bien puisque je ne regarde pas ce qui s’accumule en moi. L’auto-persuasion fait du déni un semblant d’équilibre qui n’est qu’une façade.

savoir mettre l’essentiel dans le baluchon

IMG_1787Heureusement, Héraclès est habile en connaissances hydrauliques. Il sait canaliser, ouvrir des ères nouvelles, des voies de communication. Celles-ci nous questionnent : le royaume actuel est-il réellement en harmonie? Quelles sont les voies de communication obstruées entre les désirs et les actions, les élans affectifs et les valeurs, les intentions et les paroles?
Dans les écuries d’Augias, il y a des taureaux, symbole d’un potentiel qui croupit sur place ici. L’oeuvre au blanc vire au noir, le rouge devient querelleur. A moins que ces forces puissantes d’enracinement ne mettent leurs ailes de juments fécondes et quittent les lieux infertiles et confortables de leurs habitudes de plomb.
Comment faire s’aligner ces forces vives de l’énergie des pulsions avec celles du coeur puis avec celles de la tête? L’imagination créatrice seule est capable de nous faire faire le saut dans d’autres perceptions de nous même. Celles qui quittent un passé intégré au service d’un présent qui porte le meilleur. Comme dans tout voyage nous pouvons nous encombrer, il est nécessaire de lister dans ce voyage au coeur de soi ce que nous allons laisser : pas la peine d’emporter la dépréciation de soi, les jugements coupeurs d’élans, les naïvetés dangereuses, les mésestimes récurrentes et sans doute bien d’autres. Il faut aussi savoir mettre l’essentiel dans le baluchon : la joie de la découverte, l’écoute sensible, la présence, la traversée des peurs, le goût de la solitude et du partage. Et sans doute bien d’autres choses. Car le train-train de la roue libre du hamster impose ses résistances. Attention à ne pas s’identifier au hamster des Dupont, on risquerait de le devenir.
IMG_8665L’âme a des sursauts, des élans irrépressibles, sous une tonne de déchets, elle peut encore crier gare et appeler à ne pas l’enterrer sous les satisfactions rigides ou le déchaînement explosif des voies de communication coupées.
Lors du dernier week-end des Racines de la Présence, nous avons fait un voyage guidé des huit premiers travaux d’Héraclès. Si vous avez ouvert la porte au héros, alors il vous est apparu comme un miroir de résonances puissant et infatigable.
Pour les personnes ayant participé au week-end, reprenez ce parcours en écrivant en quoi il a été porteur de nouveaux éclairages et de changement pour vous.

Un commentaire Ajoutez le vôtre

  1. johny dit :

    Hélène,
    Il y a quelques années déjà, je demandais à mes élèves qu’est-ce que c »est le « voyage » (sans autre précision) ?
    En lisant cet article, les mots d’une petite fille de 5 ans sont revenus en moi :
     » Pour aller à Auris (à 300 km ! ), en partant de chez moi, tu tournes à droite, un peu plus loin, à gauche, puis, tu tournes encore un peu et c’est tout droit : et c’est là ! »
    Sa réponse est simple, pas besoin de GPS, pas de peurs, de bagages juste le voyage…LE voyage !
    Je te partage, dans le même esprit, une petite phrase qui voyage avec moi depuis plus de 20 ans :
    « Peu importe le voyage, pourvu que l’horizon soit vaste !  »
    Johny

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