Ouvrir l’oeil

Commencer l’année en ouvrant les yeux. Commencer l’année en rencontrant les yeux du monde. La vérité plie ses moutons sous l’ombre aveuglante du soleil caché . Commencer l’année en entendant le givre nous tancer vertement d’être aussi frileux. Commencer l’année en effeuillant les grains d’eau de la pluie figée en perles de glace. Commencer l’année en saluant les arbres habillés des menues voyelles de l’hiver et des macabres dentelles mangées de lumière à moins que ce ne soit le crachin des madones qui pleurent sur la terre estompant les détails du jour sous un tonnerre de tristesse. Va savoir! Ne sois pas ébloui par le ressac qui gronde et t’agite à l’envers. Ecoute ton coeur, vois le monde, les yeux dans les yeux.

Oeil pour oeil et dent pour dent, guette la moindre étincelle sur le cil de la conscience et goûte la sérénité du cadavre – ouvre l’oeil et le bon. Ne te laisse pas emporter par les flots tourmentés des ogres médiatisés. Ouvre l’oeil et le bon – guette la moindre étincelle sur le cil de la conscience et goûte la sérénité du cadavre puis agis.

Commencer l’année en dépensant sa première pensée dans des ardeurs de paix – se délivrer sans rejet et sans regret des émotions gelées – le doigt qui met à l’index montre la main à laquelle il appartient- l’ecchymose de ton coeur est un lotus dans un joyau perdu – commencer bon gré mal gré avec la peine qui peine à lâcher – rien qu’être assis au bord du monde les jambes balancées dans le vide étoilé mérite d’être souligné – un pierrot chante la douleur muette et violente des peaux de chagrin abimées sous les espoirs enfuis – est-ce une raison pour renoncer à quoi que ce soit?

j’ai envie d’actionner sous le pont de mes doigts repliés de quoi raccommoder les draps de la nuit sans abri – nulle hostilité ne nait en l’absence d’attachement – le mal que tu fais te défait – la main modèle l’esprit qui la guide – Pénélope défait la nuit ce qu’elle a fait le jour – en attendant le grand dégel elle tisse les retours de l’amour – l’amour perdu peut-il retrouver sa route ? l’amour retrouvé est-il le signe que tout amour était déjà perdu d’avance? et si tu l’as trouvé cet amour sous la pluie qui l’avait perdu? A qui dois-tu le rendre? l’oiseau dépose un brin de soleil sur la peau de l’hiver et tout recommence –

Il était une fois, dix fois, cent fois, mille fois dans la salle des pas perdus des amours trouvés et retrouvés mais personne ne venait les chercher alors ils attendaient paupières baissées sous les petits pois des matelas l’éveil des belles endormies.

A moins de buter tout peut débuter –  chuter et rechuter dit l’ange qui a mal au genou – à moins de lever droit contre toi le petit bois de chair de le poser sur ton coeur et de laisser la chaleur s’épandre tout autour en un geste d’offrande – le majeur et l’index font silence ensemble alors que l’amour tombe sur la terre en verrières de larmes – commencer par vider le bateau de ta tête qui prend l’eau et croquer des sabots en dessinant blanc sur blanc les agneaux de l’instant. Avance au bord de ton coeur et accepte la nuit. Ouvre l’oeil et le bon.

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