Tu venais à ma rencontre alors que j’allais à la tienne – le bombé de ma main en poche cachait la bosse d’un soleil lucide et doux – toujours l’amour précédait les aimants taillant la route d’un unique feu de forêt – malgré les tombes à traverser les draps à laver les regrets à essorer – toujours l’amour précédait cherchant asile dans le sillon de nos blessures et parfois le trouvait s’installait apaisait les douleurs – le simple bonheur d’être gonflait les étoiles de ton coeur tu respirais la plénitude du vent –
jamais tes pas ne renoncent aux bras ouverts d’un chemin – tu vas envers et contre tout marcher dans les algues noires de vastes champs – à l’aube retenue tes pas s’effacent derrière toi – et pourtant je sens la coupe de ta bonté rimbaud bleu embarbelé chahuté ton visage approche du bison de la nuit – deux trous blancs presque opalescents sont tes yeux – deux glaçons habillant la poupée de l’azur de leurs boutons sanguinolents – le rouge sort ses chaos de bleu – hémorragie de l’hiver des moignons de petits insectes gelés tapissent le bureau pattes en l’air – lire quelques vers raclés au fond de la mémoire soulage la respiration -il est bon chaque jour que le coeur mange et sois rassasié –
le linge émacié qui pend à la corde embaume l’air d’une humidité tenace puis cela chût – un bruit sourd de corps qui s’éplage totalement à l’horizontal de la terre – as-tu entendu? un poète est caché en marinière suspendue aux limbes d’un roseau –
la mer allée à la menthe lunaire pleut dans tes yeux si bleus – Rimbaud le syrien fume sa pipe de shaman à la félicité des ronds des ronds dans l’air à la chemise sale et déchirée – sa jambe lui fait mal – bien sûr la mort peut se mettre entre nous mais tu sais que l’amour ne fait pas machine arrière qu’il est donné sans condition pour de bon pour rien comme le vaurien qu’il sera toujours – à condition de lâcher le temps le temps qui écaille ses lunettes d’ivoire sur la cheminée abandonnée et te fait croire à l’hiver et au carnaval de l’ego –
au milieu des mots il y a le concert improvisé d’un corps qui aspire au repos et n’a plus à se relever – s’évanouissant le livre est tombé sur la tranche d’un vers – Rimbaud à la peau sombre à la chevelure moite – embarbelé chahuté ton visage approche du bison de la nuit la cendre de ton tabac luit d’un vermillon heureux – interdit de tout retour tu disparais dans la fumée sonore des passants en souriant – et alors? mourir n’est pas mourir – les pages du livre brassent un peu d’éternité – de ta présence vivante et belle tu appelles l’essentiel d’un impact – il me suffit de penser à toi tu apparais alors à la fenêtre limpide d’un petit bois enivré de soleil car il est bon chaque jour que le coeur mange et sois rassasié – car il est bon chaque jour que le coeur respire la plénitude du vent – toujours l’amour se balade précédant les aimants comme le vaurien qu’il est à la chemise sale et déchirée visible seulement à qui n’est plus qu’un feu de forêt lucide et doux –
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