D’un rêve à l’autre la plage de l’esprit affine son grain de peau – le corps délaisse ses arceaux de chair – place est faite aux arcs de lumière sculptant au noir de la nuit des robes mouvantes et des poissons aux écailles de sable – au hasard d’un bruit la roue d’un songe trouve ses images –
Le temps s’abolit en l’insolente clarté du déshabillé de la nuit – quelques herbes hautes et flûtées debout sur ton crâne affûté illuminent l’intérieur des tissus – c’est beau et soyeux tu t’élances alors et tu rêves que tu rêves – la biche sort du bois –
sous le matelas les petits pois frais de l’amour rentrent dans leur coquille de noix – l’ange a la bouche cousue de roses – tout au fond du puits le bestiaire d’apollon s’habille d’un ciel constellé – le tigre a la tranquillité d’un roi qui veille assis au bord du monde –
de vertes lucidités sillonnent les rues de ton sang – tu vas dans l’infiniment infini grand ou petit – tu lis ton histoire à venir – tu traques les vents contraires – tu deviens chasseur de lumière –
Chaque nuit tu nais et tu meurs à la gymnastique libre et lumineuse de ton corps subtilisé – chaque nuit ta quête s’accomplit –
il était une fois un petit grain de sable échoué sur le rivage ovulaire et spermatique agité par les grands remous de l’océan – bien avant l’histoire sans commencement avait commencé – elle s’était répétée dans le pull de tes cellules les sequins de ton adn les fourches de tes ongles qu’en venant au monde tu plantais dans la chair tendre et maternelle – le monde tiendrait-il dans la paume de ta paume ? –
les petites cannes à sucre de ses yeux enroulées autour du serpent ombilical l’enfant à venir baigne dans le chant du silence – en attendant le jour la réalité multiplie ses fenêtres par où voir dehors et dedans –
les perles de l’hiver gouttent en cierges de verre quand la chaleur nous rend roseau et la sueur flaque d’eau – une légende dit que certains soirs le lapin saute dans la lune céladon on rêve alors d’une île pure et légère où mouvoir ses os de pluie et respirer la fleur rougie de feu – le coeur devient alors chasseur de lumière – la quête s’accomplit –