Fleurs musculaires

Clair de cygne des racines d’outre-mer livré au papeete des mains – suivre les lignes qui agrémentent le destin et font sourire les tiens – ciel et terre où prend vent l’arbre des belles sensibilités – fermer puis ouvrir le poing – fleurs musculaires des crépuscules insulaires –

jeter un regard aux petits feux follets des brindilles du coeur – clameur des équateurs en verve de corail – je mets ma veste et je sors – sagesse intrépide à la bouche d’un métro où Oedipe tend sa main nomade – il est devenu lui-même oracle d’un magasin sans issue de sortie – son chien à trois pattes garde pour nous les enfers sur terre – je donnerai la première chose rencontrée à l’entrée de la maison dit le passant insouciant des règles de Faust –

petits bouquets malingres que ces brins orphelins entre les pierres du trottoir – herbes frêles et secondes au regard des passants le monde abonde sur les quais à portée voyageuse – le billet est tout aussi virtuel que l’affrêtement des machines – aller et se perdre dans l’infiniment mélodieux des petites berceuses sous les chaussures pressées – accordéon des manteaux des écharpes frôlements insulaires des tissus qui déchirent –

par la fenêtre des trains les femmes s’énuagent en folon de baisers – tristesse des corps qui s’éloignent dos à dos dans la brume amicale – des jeunes des vieux des enfants des pas encore nés marchent dans d’autres pas que les leurs –

partir et revenir – s’égarer dans la gare jusqu’au kiosque à manger – des journaux des broutilles – du bruit badaud – des bagatelles de valises et d’eau – l’oiseau s’invite à ma table moineau dégourdi qui vit sur le toit des trains bleus – juste à côté un homme saoul bave des aveux la bouche collée à la table vide – il part en claudiquant dans la coquille noire de son cerveau délité – derrière lui le régisseur de sa peine enfante des mises en douleur –

le quai s’emplit et se vide des humains fleurs musculaires au mouvement saccadé cherchant leurs racines au présent de destinations incertaines –

affichage de la loterie ferroviaire tout le monde est gagnant – déplacement en masse avant la mise en branle des anneaux du dragon dont les naseaux crachent des écumes de saïgon –

passe-passe entre les voix des voies – gargouillis d’estomac repas repos puis contrôle des fleurs dans leurs wagons aléatoires – trouver sa place puis la céder – le train repart retard retour annulé peut-être pas encore – il est magique d’être une île au milieu du pacifique –

aller et se perdre dans l’infiniment mélodieux des petites berceuses – sous les chaussures pressées des portes s’ouvrent à l’accordéon des sourires – partir en regardant la plume tombée à ses pieds – le pigeon boiteux roucoule avec insistance – envers et contre tout la vie exhibe sa beauté là où tu ne la regardes pas –

tu dormais et sous le charme de ton crayon la page s’est déréglée – tu tenais le livre puis il a glissé et s’en est allé ailleurs disperser ses chants fabuleux – fuite des clémences – ballet invisible des battement d’ailes qui accompagnent chacun –

en rentrant je donnerai à Oedipe la première pensée rencontrée à la porte de mon esprit  – à ce moment précis un clair de cygne annulera le tragique inscrit au creux de ses mains – demain peut-être le sable emportera le train des fleurs essaimer vers de nouvelles bontés à toute vitesse –

 

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