Les mots peuvent-ils être blanc ou tirer à blanc? A la fenêtre le décor d’un verglas le désastre d’un abîme à la transparence de tourte d’hiver – d’évidence tu t’effaces à mesure que l’eau fond et se fend d’un très beau sourire juste un doux sourire que faisaient sans même le savoir deux bûches entrelacées dans l’âtre et qui se perpétue éperdument jusqu’à la fin du matin mais la fin de quoi exactement?
Le corps des ombres en ascension de
neige égale à elle-même
s’endort sous le drap blanc – l’infini se peaufine à la branche d’un cercle d’eau neuve – Tu envoyais promener tes doigts de papier froissé sur le dos du chat à la fourrure célestine au nez de rustine collé à ta jambe malhabile – ne pas faire mal ne pas tirer sur le pianiste déroulant ses fausses notes à force de ne plus s’accorder avec lui-même – comme les griffes que tu retiens sont profondes O mon chat à la chair si fragile si sensible au beau bois – comme les griffes que tu retiens ressemblent à ta bonté ignorée –
L’épingle à cheveux d’un glaçon est
tombée du bec de l’oiseau
y-a-t-il des questions simples? – quelque chose en toi glissait flouf! comme un pan entier de mille semelles sans pieds – flouf!
L’oeil suit la fusée d’un flocon
la maison est de tristesse inondée
entre la neige et moi rien – il paraissait content de la revoir elle se méfiait des virgules après les points à moins que ce ne soit des points après les virgules dit-elle en remontant le zip de son blouson elle sentait ses poumons à elle à moins que ce ne soit ses poumons à lui oppressés serrés comme deux métronomes apeurés – chercher sa respiration à petites touches la nuit saignait un peu sur le flanc de l’animal blessé – faut-il le laisser vivre encore un peu ou remettre son histoire entre les parenthèses mortuaires et définitives de mots qu’ils n’auraient jamais dû quitter? – impasse cabossée des évités des évidés des déclinés au passé décomposé recomposé à l’occasion –
Bruit sans bruit de la neige
qui tombe
et pâlit à vue d’oeil et pâlit sur ta
main à l’oeil si pâle – une nuit je rêvais que le bouddha me disait d’entrer dans sa mémoire il ouvrait la porte derrière il y avait sans vraiment de surprise l’usine qui ronronnait du mantra mécanique des machines ouvrières est-ce mon cerveau tous ces métiers à tisser? demandais-je et je vis le plus beau des tapis aux motifs de cercles et d’or tiré d’un sac en toile de jute et je vis l’émeraude de ses yeux absorber mon rêve en un souffle – moment heureux – limpidité des blancs et des bleus –
A mesure que les mots montent sur mes épaules
le paysage devient une île pacifique
une main ne peut rester
longtemps éloignée de son étoile – j’aimais les montres molles que la neige faisait en frottant son museau au baquet de la terrasse – des brindilles noires des phoques de cendres dessinaient un cadran involontaire et aléatoire où lire rien de plus que l’étonnement vitale d’une saine curiosité – instant après instant la conscience pénétrante règle ses influx nerveux sur la course de l’oeil clignotant et franc –
L’amour sait ce que nous sommes
même si nous nous ne le savons pas
et faisons quand même comme si – et que serait l’amour sans anneau de vacuité? un fétu de versailles oublié un morceau de soleil sans rayons une caresse éteinte au briquet de l’ego – l’air est si vif la lumière si plénière
La neige dessinait un coeur sous
la prunelle du chat lui aussi
tout de blanc venu et de ciel bleu vêtu –
ne rien craindre quand la neige se fait cave
que la nuit monte au charbon que la lune tire à blanc au mitan
alors le jour décline son identité et lève son berceau d’images –
nous sommes arrivés sur la plage
nous avons ramassé tout le bois que les flots avaient déposé
à notr
nous sommes arrivés sur la plage
nous avons ramassé tout le bois que les flots avaient déposé
là à notre attention
le crépuscule jouait sa partition avec un tempo étiré
sans âge sans fond
nous avons fait un feu
à la demande de l’univers
le feu réclamait la présence de toutes et de tous
un orage sec sans nuages et sans pluie
silencieux
dessinait sous la voûte des rythmes
de ses fils argentés
une caravane d’ombres
nous avons fait Tonglen sans retour sur la plage
la précieuse existence humaine était sauve
le réveil se mis à sonner
je devais sortir de cet espace
pour une journée active
le tempo subitement s’accélérait
tout s’entrechoque
les épaves au fond de la mer et les embruns ponctuels
se déchirent sur le relief d’une tartine de beurre salé