Et des fleurs et des printemps au
coeur jaune comme des oeufs brouillés
ou des
bananes flambées
ou des abeilles avec
des bourdonnements d’oreilles et
des puits d’odeurs ici et là
et des rumeurs d’oiseaux
flottant dans l’air puissant et
légèrement sucré de blanc –
un crocodile de clarté me
tient par le cou –
concentré de lumière
diffusion des imprimés
sérénité des
pruniers et autres colliers de
jonquilles et
narcisses au col de
chemise empesé –

sous la branche traversière
la jacinthe
nubile joue au
vent déplacé –
c’est la toute première fois
qu’elle chante et
que la rosée en rafale
rince le coton des nuages
et arrose l’herbe à sec –

on pourrait dire que
le ciel a la maturité d’un
bleu à l’âme si bleu
qu’il en pleut un peu
au creux des
libellules
sans que l’élan d’un
frais bourdon ne
défaille –

bien que je sois de trop
je vais distillant ma
réalité provisoire
au hasard d’un chemin
ouvert et offert au
pas de mes mains –

marcher au centre des
choses en
périphérie singulière la
voix dénudée – le
jour baisse ses paupières
et le grand poisson du ciel
étend ses nageoires d’un
mouvement d’érectile paresse —
et les fleurs s’endorment
en un
rêve suspendu
au lit d’insectes superposés

bien que d’un soleil effacé je
sois de trop
des liqueurs de lièvres au
bec de lune et des
champs d’hirondelles poussent
sous mes yeux –

au paradis des pétales
le cerisier rongé de prosodie
fait trembler l’air –
entre ses lèvres de
poudre écarquillées je sens l’onde me
souffler qu’il n’est pas
besoin d’aller au bout du monde
frapper le ciel
d’un nid d’apparitions –

et des fleurs et des joues et
des mues de sable d’or et
des couronnes en roue libre
plaquent leur joie à la tête des murs –