A la surface

Oubliée sur le rivage
la peau la mue d’un signe
reste là à flotter
comme un bouchon de sang
la tête entre les bras –

l’eau fabrique une
histoire où échouer à
la rive opposée du moment
tu joins ta main à la main d’un
poème
à l’infini toucher de
l’eau qui
descend sous
la couche granitique
des os de
laine et de frilosité noués

toucher
comme s’emplir à
la jarre vivante
d’animale tendresse et
serrer de près le corps
assermenté des roses –
manne de
flammes et de rivières
tombées en secousses sur
ton dos –
tout prendre et
tout rendre –

le coeur insomniaque s’en est
allé au dérivé des regards parallèles –
la broyeuse aimable
éponge ton front d’aiguilles
constellées – aucun pied ne
touche au but par le simple
fait d’avancer –
filaments de pluie oubliés
sans importance
plus rien ne tient
même l’effondrement
n’arrive plus à s’effondrer –

si tu as perdu la complicité
et mutilé l’ange de tes poumons
à force de tristesse
si tu as perdu l’amour
et t’es toi-même consumé
au charbon des épines
si tu as perdu ton origine
et bien d’autres mémoires
si tu as perdu ta maison ta raison
aux murs de suie et de solitude
si tu as perdu la chaleur des
partages et des rires vrais
meurs à l’oblique de
tous les angles qui te percutent
meurs à la paix sous les flèches de
l’absence – meurs à la
perte même
dérive à la surface des glaces
comme un flacon vide
comme le frisson d’un nuage
sans message et sans visage
et sans but –

et puis lâche l’horizon et
percute à l’avant avec la
radicalité d’une mouche délivrée –

 

 

 

 

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