L’escargot

l’escargot lent de brillance
jonquille ses cornes au taureau du
soleil – tu ne pipes mot et cependant tu
t’attardes sur le limaçon portant sa maison
sans se soucier de la viscosité du temps –

le vent avait mis sa robe blanche de
colère et le troupeau des asticots de ton
incohérence cardiaque coulait des jours
paisibles dans la mer sombre des roches –
sors tes antennes et vire au bleu
le navire a pris le large
tes poumons deux bougies ancestrales
d’un hommage monstre embrassent la
chair du chasseur dont le fusil à la
bague de lierre rate sa cible – vivre encore –

toi aussi tu baves de folie sur le papier humide de
tes pensées flottantes – la marée fait des ourlets blancs
en revenant puis retire ses billes d’océan et
voilà le sonore navire de ta langue qui parle bas
que dis-tu? courir à perdre haleine sur l’ogre du bitume
jusqu’à l’aurore jusqu’à la toque des collines là-haut un peu surélevée

tu poursuis dans la matière l’oeuf bleu d’un nuage
entraperçu à la tête d’une algue – qu’il est doux de se laisser glisser au
fond des ramées d’eau comme en des bois liquides et fauves d’oiseaux –
sortir de la piscine en vénus vieille et flasque – t’attendais-tu à la perle de la belle aux
mollets de sable?
le papillon range sa silhouette pourpre entre les pages de ton cahier menuisier
qui découpe de larges larmes à la margelle des mots –

tu n’as pas peur du noir qui agonise dans ton corps
tu couds des étoiles pour joindre les deux bouts
louve au drapé d’os blonds –

je ne connais rien de plus beau que de tirer la langue à la face des chemins
je ne connais rien de plus beau que la mouette des clowns sur la main d’un
jardin abandonné au rameau d’or de l’ennui –
je ne connais rien de plus beau que de sortir des cages – enfant je ramassais tous les
escargots envahissant la baie des pivoines et je riais je riais aux éclats de
l’absurdité reine – libre et longue la fibule de mes yeux accrochait la brume d’un
squelette avenant – et je n’avais pas peur de la mort et je n’avais pas peur des
mauvais sorts –

Aujourd’hui encore
je suis un petit escargot de foin venu
d’esprit vêtu
rétractable à la fosse iliaque des combats perdus –

 

 

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