Est-ce que lorsque l’on meurt on
pense à l’immensité du ciel comme
un rayon de soleil retrouvé?

sur le chemin je parle à
mon ami imaginaire qui n’existant
pas existe bien à
la veste retournée du vent

les vaches qui dormaient au
pré verdi s’enfuient à mes
pas entendus sans s’arrêter
sauf de loin une fois là bas
elles me
fixent d’une mâchoire intrépide et
je me sens stupide d’ainsi les
effrayer avec dans les
poches des ailes de coccinelles qui
font coquelicots

je m’attarde observant un dé à coudre
de terre mouillée au fond d’un pot
la fragilité du monde me fronde
aux yeux des rides d’été que ma peau
défait
mon coeur fond en petits pâtés de
sable où ne laisser qu’un
joyau d’herbe sale à laver

est-ce que lorsque l’on meurt on
pense à la joie du vent qui porte
l’oiseau plus loin plus haut jusqu’à
n’être plus qu’une main d’enfant?

peut-être n’es-tu qu’une vagabonde à
l’âme de bois bancale et bistrée d’azur
tu te perds aux accords d’un plein chant
et restes au bord d’un seul bouquet
comme l’oeillet endeuillé à
la tige cassée
qui rompt l’équilibre

dehors
les verts sont si beaux à se rendre ainsi
fluides au couteau de la transparence ils
ne sont plus que lumière dans la lumière
à l’insaisissable merveille

est-ce que lorsque l’on meurt on
pense à l’océan blond qui vague
tout au fond des
ruisseaux alors qu’avant on
ne s’en souciait pas?

je ne sais pas mon amie à
quoi l’on pense quand on meurt
ni si l’on se retrouve
ni si l’on s’en retourne
au pays où les
pieds poussent et se posent
peut-être un peu au bord de
la route puis au
bout d’un moment
s’effacent et ne laissent
plus alors aucune trace