Seule
elle dansait seule
face au miroir qui
restait de bois
Seule
elle marchait seule
vers l’homme qui
restait de marbre
Seule
elle riait seule
parmi d’autres qui
restaient coi
et quoi? seul
un oiseau entra
dans son coeur
y fit un nid de
roi et la fit naître
reine
pour un rien pour
un n’importe quoi pour
un qui n’en valait pas
la peine un qui ne
savait pas
que bleu et bloom
font soie
et quoi? l’histoire
ne le dit pas elle ne
parle qu’aux belles
gueules des hirondelles
qu’au plongeoir des
pigeons défoncés du
trottoir qu’au
rasoir des
défunts oubliés là
sur la terre devenue
isoloir et qui vote
abattoir
Seule
elle ramait seule
dans un petit gobelet
de songes qui
moussait d’azur et de
bourdons avec au
côté droit la tâche d’un
bonbon rouge à la
gorge coquelicot
et ce n’est pas de
sitôt qu’on l’y
reprendra à
1 2 3 sommeil ou
soleil?
elle ne sait plus
quoi! elle est vieille
sous ses fripes d’effroi
la mort veille à
rajeunir ses doigts
en quenottes de
bébé qui
reviendra avec
au-dessus du berceau
des mots d’oiseau
plein les bras à
déclamer ici et là
quand il le voudra
qu’il le pourra
Seul
il parlait seul au
lavabo qui restait de bois
de marbre de tout ce que
tu voudras pourvu que
ça s’arrête t’as raison
dans le gosier du
monde y a des
arêtes en suis-je
l’haleine si
nauséabonde qu’elle
fait fuir même
les hivers?
allons enfants la
partie n’est pas
jouée tu peux encore
gratter
la peau de l’ours et
enjamber la terre d’un
revers de médaille
c’est ainsi qu’il fut
décoré
avant d’être né
au seul désir de
partir il lui faudrait
encore revenir face au
miroir dire au revoir
au reflet suranné de
son squelette blette et
arrosé du pipi des rats
qui restera au grenier
sa vessie
servira de lanterne et
de musée aux mouches
bavardes qui aiment
les jolis cadavres
restés seuls aux
penderies des usines
et quoi?
seule elle parlait seule
ses petits doigts dans
les chaussons abandonnés
qui
dansaient seuls sur le
bout de la table une ronde
autour du monde
Comment faites vous pour déclencher une si belle avalanche de mots et d’images ? Écrivez vous d’une traite ? J’aime beaucoup votre poésie. Moderne mais nullement obscure. Vous lire l’inspire énormément. Merci.
Merci Catherine. Pour répondre à votre question, oui j’écris d’une traite mais cela peut me prendre un peu de temps ça dépend je ne sais pas à l’avance. Parfois je lis relis ajuste mais tout est cuisiné sur place cela peut aller de dix minutes à une heure.
Vous êtes impressionnante !