Comment pratiquer Tonglen avec ses ancêtres ?

Wisdom and beauty - création Karine Barbier
Wisdom and beauty – création Karine Barbier

Tonglen est un entraînement à l’ouverture du cœur. Tong signifie offrir, donner, distribuer, être dans la générosité d’ouverture de l’expir, donner sans compter, offrir nos remerciements, notre gratitude, faire vivre, accompagner puissamment nos élans du cœur à être bienveillant, à veiller bien, sur soi et sur autrui.
Len est le mouvement d’ouverture à l’accueil de ce qui est, de ce qui arrive, particulièrement des désagréments, des poisons émotionnels, des irritations quotidiennes générées par nos interactions et simplement le fait de vivre en relations à ce qui n’est pas nous et en général nous pose problème.
Len est l’inspir profond à dépasser la peur de s’ouvrir à ce que l’on redoute habituellement, le cortège des conflits en nous et avec tout ce qui est autre.

Ceci est le point de départ de la pratique, rassembler les forces d’expir et d’inspir pour entrer dans la bienveillance qui veille à ce que l’intelligence du cœur soit mise en œuvre. Cette intelligence du cœur se découvre en touchant un point hautement sensible, celui de la conversion d’amour, c’est-à-dire exactement là où la flèche des expériences difficiles a laissé en nous une trace douloureuse, un ressenti conflictuel, là où nous ne voulons pas en général regarder ou retourner.
Malgré cela, nous pouvons commencé à considérer que plutôt que d’être dans la demande insatiable, centré sur ce que nous n’avons pas reçu, perdu dans les affres de l’ingratitude, nous protégeant par peur de ces blessure mises à vif à nouveau, nous pouvons commencé à impulser une autre direction à ce mouvement qui tourne sur lui-même. Plutôt que de rester dans la rétention d’amour, nous pouvons au contraire laisser celui-ci s’écouler comme le mouvement naturel d’ouverture à ce qui est, même si ce qui est sont de lentes remontées de ressentis douloureux et non digérés.

Ancêtres2Toucher son cœur, se laisser toucher est l’acte de vulnérabilité par excellence, nous le redoutons. Néanmoins de ce contact vient la non peur de ressentir, d’éprouver à nouveau, de ce contact vient le réveil de la vie et son mouvement de bienveillance envers toute chose. Nous pouvons traverser la souffrance et mieux la connaître, la connaître de l’intérieur sans plus en avoir peur, se laisser complètement traverser comme un pont de peau humaine par la charge aveugle des roues du camion, ce qui est le socle de l’empathie. Certes, personne ne souhaite être un tel pont, c’est pourtant ce que nous sommes. A nous de le reconnaître pour devenir passerelle de compassion.

Les constellations sont une méditation issue de ce mouvement bienveillant. Méditer est être au cœur de ce qui est, au cœur des choses, au cœur de l’esprit. Méditer est se laisser rencontrer par l’inconnu, laisser aller le trop connu, faire de la place à l’essence du cœur. Méditer est avoir le courage de retourner sur les lieux du crime, de l’accident, là où nous avons été percuté tellement violemment que nous avons préféré depuis fuir.
Cette capacité à retourner voir déclenche le courage, un mouvement de gratitude, de dévotion envers, malgré tout, la beauté de la vie.
Beauté incluant le chaos aussi bien que l’harmonie, l’ombre que la lumière, les monstres que les dieux. Des forces nous traversent, nous inspirent ou nous effraient, laissons nous traverser pour en avoir la connaissance, une connaissance sans possesseur.

Ancêtres1
Ombres – MNG

S’ouvrir à ce que nous ne possédons pas, c’est-à-dire nos qualités, nos talents, oser les vivre nous libère de l’étau de la saisie de l’ego. Ainsi pour être moins dans la saisie égotique, nous devons de plus en plus vivre nos qualités et nos talents. Consentir à ressentir la souillon mais ne plus lui céder, laisser vivre les prédispositions infinies de la princesse jusqu’ici endormie dans l’inertie de l’indifférence ou la tétanie de l’indigence. Nous avons souvent peur de notre propre richesse.

Le point sensible se trouve sur la scène de crime où nous avons perdu notre cœur et notre pouvoir, nos forces d’aimance. Nous pouvons à nouveau y faire face afin de mieux voir ce qui s’est passé et ce qui se passe à présent car vous l’avez remarqué, de fugaces intuitions nous rappellent que tout passe : nos sensations passent, nos émotions passent, nos pensées passent, notre vie passe…

 Résumé d’un temps de pratique :

Lorsque, dans les constellations, nous sommes à nouveau dans le champ de force émotionnel de notre famille et de nos ancêtres, nous touchons de nombreuses blessures et prenons conscience de nos points sensibles, pas seulement les nôtres mais ceux des autres aussi. Nous réalisons que nos parents ont été des enfants qui ont eu des parents qui eux mêmes ont été des enfants etc.
Notre regard change, notre conscience suit ce mouvement où nous pouvons regarder sans juger et laisser tomber nos ressentiments, nos colères. Nous pouvons ou pas, parfois bien sûr cela revient, le sempiternel retour des mêmes lithanies plaintives, comme il est facile de reprendre un chemin connu même si l’issue en est néfaste.
Là vient la joie de pouvoir faire quelque chose : s’entrainer avec cette pratique de tonglen à accueillir et transformer l’énergie destructrice de nos blessures en joie et gratitude.
Nous laissons venir à notre esprit, dans l’espace ouvert de notre regard intérieur, des personnes de notre famille, nous remarquons celles qui viennent en premier… il y a celles que nous aimons, qui nous ont fait du bien, beaucoup, un peu… celles avec qui cela a été moins facile, qui nous ont causé du tort, à qui nous avons causé du tort d’une façon ou d’une autre, avec lesquelles la relation est difficile voire conflictuelle, celles avec lesquelles il y a beaucoup de non dit, de ressentiment… nous laissons venir toutes ces personnes dans le champ spacieux de notre esprit… puis nous allons plus loin, il y a les parents de nos parents, et les parents de leurs parents etc nous nous ouvrons de plus en plus à l’espace de nos ancêtres, ceux que nous connaissons, que nous avons connu, ceux que nous ne connaissons pas… nous ressentons leur présence, et nous allons ainsi aussi loin que nous pouvons l’imaginer, toujours plus loin, nous incluons dans ce mouvement tous les ancêtres morts, blessés, rejetés, trahis, déshonorés, ceux que l’on a oublié, dont on ne parle plus, qui ont été exclus d’une façon ou d’une autre, pour toutes sortes de raison… nous accueillons toutes les souffrances émotionnelles qu’on put ressentir nos ascendants, nos ancêtres. Nous pouvons même leur adresser la parole intérieurement : « vous mes chers, chères ancêtres, qui avez été blessé par la vie, je vous accueille, je vous fais une place dans mon cœur, vous mes chers ascendants, ancêtres, ceux que je connais et ceux que je ne connais pas je m’ouvre à la réalité de vos souffrances, de vos blessures… » on continue ainsi en inspirant de temps en temps avec ces mots, ce mouvement du cœur… on fait cela dans la douceur et la sincérité de l’ouverture…

Puis nous offrons, nous distribuons sur l’expir, à notre rythme, l’expir n’est qu’un support, la respiration reste ample et naturelle, vous portez simplement attention à associer avec le mouvement d’offrande qu’est l’expir la sensation de gratitude, en vous se vit la conscience du précieux cadeau de la vie que vous avez reçu. Vous pouvez y ajouter quelques paroles intérieurement pour donner de la force à votre souhait d’amour : « mes chers ancêtres, de vous j’ai reçu la vie, vous même l’avez reçu de vos ancêtres, je vous remercie pour ce précieux don, moi votre descendant (e) vous envoie toute ma gratitude, ma reconnaissance, mon amour… accordez-moi votre force, vos bénédictions afin que je puisse vivre mon chemin. Je vous offre mon attention, ma bienveillance et ma reconnaissance… particulièrement toi chère mère dont j’ai reçu l’essentiel. Quel que soit le destin qui a été le tien, je respecte tes choix, j’honore ce que tu es et t’offre toute ma gratitude…
on peut ainsi continuer avec ceux ou celles qui nous viennent à l’esprit…

Puis on termine ainsi :
Puissent mes descendants, toutes celles et tous ceux qui viennent après moi avec qui j’ai un lien, d’une façon ou d’une autre, lorsqu’ils prononceront mon nom, tourneront leur esprit vers moi, puissent-ils recevoir mes forces, mon soutien, mon amour, mes bénédictions pour vivre leur chemin, aller de l’avant, réaliser leurs souhaits.
Puissé-je veiller à leur bien, être pour eux une ressource, un hâvre de paix dans la tourmente

Puis nous laissons aller l’inspir et l’expir, les mots, les paroles, et restons dans la sensation du cœur spacieux, ouvert embrassant l’espace infini où résonnent les souhaits de bonté. Nous restons dans la dissolution heureuse de toute dualité et laissons la douceur s’épandre au-delà de nous, du lieu où nous sommes, de la ville même, et encore au-delà, aussi loin que nous pouvons.

Puis nous reprenons contact avec notre environnement, là où nous sommes si des personnes s’y trouvent nous pouvons leur sourire ou les remercier de leur présence.

3 commentaires Ajoutez le vôtre

  1. Merci, merci pour ce guide de Tonglen très inspirant et très pratique ! Je le lirai et le relirai très fréquemment.

  2. cottin dit :

    Merci pour cette reflexion concernant tonglen. A lire et relire plusieurs fois car a chaque nouvelle lecture on apprend quelque chose de nouveau et d enrichissant.
    jean yves

  3. Lunesoleil dit :

    J’ai lu Pema Chodron qui en parle dans son livre le bastion de la peur et c’est là que j’ai decouvert pour la première fois le mot tonglen

    Vidéo en français

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