Nous étions déjà venues, Marie-Noëlle et moi, animer un stage au printemps dernier à la maison de retraite St Roch. C’est avec bonheur que nous sommes revenues dans ce lieu plein d »histoire, d’humanité et d »émotions, rencontrer l’équipe soignante. Être confronté au quotidien à la souffrance, à la maladie et à la mort appelle en contraste à regarder la vie autrement, avec une sensibilité accrue et un esprit de tendre humour.
En compagnie de dix nouvelles stagiaires nous avons voyagé au pays de notre histoire qui se révélait au fur et à mesure des pérégrinations narratives et artistiques. Nous avons déroulé le fil des ombres et des clartés tissant de nouvelles dimensions et directions à nos souhaits d’aujourd’hui. Nous avons sauté dans le puits de toutes les larmes, offert le meilleur de nous-même aux êtres aimés, renouer avec le fil de soi de l’enfance et du jouet ou de l’objet miraculeux. Nous avons invité le génie à sortir de la bouteille. Celui qui peut changer notre regard sur nous-même, les autres et le monde, nous aider à réaliser la vie que nous voulons aujourd’hui.
Voici quelques trésors du voyage. Il y a ceux que nous pouvons admiré et ceux plus invisibles qui se sont déroulés dans l’âme, le corps et le coeur. Ceux là tissent encore la suite de l’aventure que nous sommes en faisant dialoguer ensemble les différents personnages qui nous habitent. Rappelez-vous : faire la paix avec la guerre qui nous agit est le début d’une vraie liberté d’être.
Ce texte est collectif. Il est tissé de tous les fils des mots et des sons écrits par chacune, émergeant de l’expérience du puits des larmes, en résonance avec les couleurs, formes et textures qui l’ont matérialisée.
Traversée du pays des larmes et de ses métamorphoses
Larme qui se perd dans l’océan
Arc-en-ciel au-dessus des vagues
s’envoler vers d’autres horizons
aspérités des îles – intimité lisse des cavités
secret des membranes sous la feuille de chou des parapluies –
des poissons de lumière font des chemins de larmes
tâches noires au milieu du beau bleu –
richesse de la flore au coucher du soleil –
passer la porte
de l’autre côté du toboggan il y a
un champ de fleurs sèches et aussi
tournesols coquelicots et roses épanouies –
le coeur est volcan
papillon des douleurs aux ailes rougies
Eaux bleues et profondes des mots retenus
l’animal blessé précède la tombée des masques
reposer dans la paix naturelle des paysages aimés –Quelques mots des stagiaires à la fin sur leurs impressions de ces trois jours : « j’ai replongé dans mon enfance; cela m’a donné envie de me faire confiance; j’ai envie de progresser; je me sens plus confiante en l’avenir; j’ai renoué avec ma créativité, ma vivacité, ma capacité à penser et à rêver; je peux croire en ma créativité et son pouvoir d’expérience; je peux accepter ma part d’ombre et l ‘aimer; je me suis rencontrée; je sais que je peux faire la paix avec moi-même; j’ai découvert le plaisir de peindre, la force symbolique des mots et des contes. »
« faire la paix avec la guerre qui nous agit est le début d’une vraie liberté d’être. » à ces belles parole j’ai envie d’ajouter un poème de ma texture qui s’appelle « Un après-midi en maison de retraite »:
Passés présent emmêlés,
Corps amidonnés et vies repassées,
Ronde des jours morne plaine,
Sanglots d’un cœur carapaçé,
Oh! Kleenex,
Kleenex chéri,
tu es mon seul ami
Quand s’ouvrent les écluses
Si longtemps fermées,
Avec lesquelles je ruse
Pour ne pas bouger,
Ignorant l’ouverture et la sensitivité,
Ignorant la félicité
D’un cœur vaillant qui s’exprime
Merveille des merveilles
Oh! Joie sans pareille
Oh! Joie sublime
Je m’incline
Très beau Marie-Claude !
Bises de Nathalie de Buc
Si tu veux être un jour proche du Bien-Aimé,éveille donc ton âme.En prison dans ce monde elle ne saurait Le voir.Ne t’embarrasse pas de ruses,de détours.Tu veux l’aventure?Va donc!Prends le chemin et marche droit.Il te faut faire ce voyage.Il est ardu,mais nécessaire,et serait-il impie,qu’importe,il faudrait tout de même aller.Le fruit de l’arbre de l’amour est sans ornement superflu.Qui s’entortille de feuillage ne peut en goûter la saveur.Cet arbre dans la poitrine prend le cœur et n’en laisse rien.Il l’enserre,il l’étouffe à mort,le pétrit et le bouleverse.Il ne l’abandonne jamais.Pas le moindre instant de répit!Il exige ta chair et le prix de ta chair.Tu as soif?Bois tes larmes.Et faim?Mange ce pain;Son levain,c’est ton sang.Quand enfin te voilà perdu,nu,faible comme une fourmi,que veut-il,l’amour de ton cœur?Il veut plus,encore et toujours.Il ne faut rien que du courage,du pur,de l’obstiné courage dans cet océan,sache-le!
Effroyable parabole…
N’est Il pas
extrait de la conférence des oiseaux