La pratique de la méditation est un entraînement à l’affinage de l’attention. Dans un premier temps, il s’agit de se reconnecter à la base terrestre et concrète de la présence attentive en s’asseyant. Nous laissons nos activités ordinaires pour nous offrir un temps de reconnexion avec l’attention, en général fractionnée, morcelée dans la frénésie des activités extérieures ou perdue dans le dédale labyrinthique de nos ressassements.
Méditer n’est pas arrêter l’action et nous interdire de vivre ce qui est notre quotidien en nous faisant une morale simpliste et plus illusionnée que l’illusion elle-même. Non, nous sommes grands ou appelés à le devenir. La méditation nous veut libre, autonome et responsable. Elle favorise d’ailleurs cette liberté d’être et d’agir. En ce sens, elle n’a pas de conseil à donner qui nous permettrait d’être quelqu’un d’autre, de plus admirable, de mieux que ce que nous sommes déjà. Elle propose juste de retrouver cette qualité d’attention dispersée qui engendre déracinement, confusion, perte de sens et d’équilibre. L’équilibre ou l’harmonie n’étant pas l’uniformité mais l’inter-fécondité des contraires, des oppositions, des différences. Cela se vit en nous et avec les autres.
Il y a toutes sortes de méditation possible mais il faut bien commencer. Le commencement est la reconnaissance qu’un point sensible a été touché, comme un appel à entrer plus en intimité avec son expérience. Tous, nous sommes des êtres fragiles, vulnérables, touchés par les imprévus de la vie qui n’avons nulle part où nous réfugier. Nous sommes aussi des êtres qui aspirons au bonheur, qui souhaitons que les choses aillent mieux sans savoir comment nous y prendre car jusqu’ici il semble que souhaiter le bonheur ne suffise pas à le réaliser.
En pratique, la méditation avec l’attention à la respiration nous permet de discerner le vécu de l’instant présent de ce que nous y surajoutons et qui nous en sépare, projections, interprétations, croyances. C’est une pratique concrète, cela ne peut juste se comprendre intellectuellement. Nous devons nous impliquer corporellement.
Méditation sur la respiration, méditation en marchant, méditation avec le son ont été des expériences d’exploration des différents supports d’attention par lesquels nous pouvons affermir une présence lucide et bienveillante à nous même, aux autres sans artifice ni contrainte. Par l’expérience directe, nous contactons la possibilité d’être notre propre refuge, revenant avec l’attention au support choisi puis à l’espace confiant de la reconnexion à notre être. Nous connaissons notre chair, notre sang, notre présence concrètement et l’espace dans lequel cela émerge devient notre capacité à entrer en refuge dans l’instant. Par le fil de la respiration nous revenons sur terre, plutôt que de chercher refuge à l’extérieur dans les circonstances transitoires et incontrôlables de l’avoir et du faire. Nous apprenons à exercer notre discernement, plutôt que de fuir ou de se couper de ce qui est, ou encore d’être fasciné par nos avidités. Oui nous pouvons faire face à la vérité transitoire, impermanente de ce qui est. Tantôt angoissante, tantôt bonne nouvelle, l’impermanence enseigne la diversité et le mouvement incessant de la vie. Cela n’est pas contre nous. Nous pouvons pacifier les relations que nous entretenons à ce qui est. Voir sans entrer dans les tensions réactionnelles habituelles. Comment? En apprenant cette posture subtile d’être au milieu, lucide et ouvert à tous les possibles, l’esprit frais et neuf. Revenir au coeur de la chair par l’esprit du souffle nous ouvre la clairière d’un refuge.
Comme tout entraînement une fois commencé, il se re-commence. Prendre un temps chaque jour, au moment qui vous convient pour vous inviter à vous reconnecter à cet instant essentiel de clarté est un merveilleux cadeau que vous vous faites et que vous faites indirectement à tous les êtres. Ceux de vos lignages spirituels, ceux de vos lignées familiales et ancestrales, et ceux qui ont une connexion actuelle avec vous et enfin vous le faites pour tous vos descendants, directs ou indirects. Lorsque nous allons mieux, il est plus facile d’être attentif aux autres. Ainsi la méditation n’est pas s’enfermer dans sa bulle mais élargir son champ de conscience à cette connexion retrouvée avec toutes nos dimensions, ce qui ouvre le coeur, le corps et l’esprit à de nouvelles vigueurs.
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