le refuge universel

IMG_4394Ce samedi, en réponse à l’invitation du sangha tibétain d’Aubenas, je suis venue présenter le thème « thérapie ou éveil ». Ces deux thèmes recouvrent tous les questionnements que nous pouvons nous poser aujourd’hui lorsque nous commençons à méditer ou entrons sur une voie spirituelle, avec discernement et honnêteté. Faut-il choisir entre thérapie ou éveil? Comment concilier ces deux aspects? Sortir des certitudes de tout poil et redéfinir de quoi nous parlons est le premier pas. Ces aspects ayant déjà été évoqués dans un autre article du blog, je n’y reviendrai pas.
Pour compléter je voulais vous présenter ici le « refuge universel » pratiqué dans les ateliers comme connexion à la source de toutes les bénédictions dont nous avons besoin pour entrer dans une quête, celle du héros qui cherche une direction aujourd’hui. Réciter une formule pour commencer nous aide à rassembler notre esprit dans l’instant, à tisser un lien avec ce qui vit au plus profond de notre être, à rendre hommage à celles et ceux qui ont ouvert des voies de courage et de vérité. Pour chaque personne, ces liens peuvent être multiples, ils sont le fruit de leur expérience de vie. Reconnaître ce droit à la diversité des sagesses est entrer en un profond respect de soi et une profonde tolérance envers tous les êtres.

IMG_4398Chacun peut suivre les ateliers sans être bouddhiste ni dans l’obligation de le devenir. Chacun peut aussi écouter avec bienveillance la sagesse du bouddha et dialoguer avec celle-ci ou d’autres sans se sentir contraint d’adhérer à des dogmes ou déposséder de son libre-arbitre. Nous avons plus que jamais besoin d’ouverture réelle, de connaissance mutuelle, de respect, individuellement et collectivement. Que pouvons nous faire? Cultiver la conscience en voie d’ouverture avec le rappel de certaines phrases qui expriment cela.

J’ai joint à cette guidance du refuge des apartés pour les adolescents. Vous êtes nombreux à me demander les pratiques qu’ils peuvent faire. Ces apartés pourraient être développés mais ils donnent le ton, pour l’instant, de comment le respect de l’univers de chacun est le point de départ de tout dialogue et de toute transformation possible. Sans ce respect, nous imposons, nous violentons, nous nous posons en tyran au nom de catéchismes désuets qui fatiguent et oppriment les plus belles volontés. Ne faisons pas aux autres ce que nous n’aimerions pas qu’on nous fasse. Offrons leur le miroir du meilleur d’eux-même qu’ils s’y reconnaissent, c’est-à-dire nous-même. Certes, j’ai bien conscience que cela est facile à dire et à comprendre mais difficile à concrétiser. Soyons patients, persévérants et humbles. Hâtons nous lentement, avec la sagesse spacieuse du coeur. Commençons.

Dans ce refuge, concrètement nous joignons les mains au-dessus de notre tête.
Par ce geste de lever les bras en un rassemblement spacieux nous pensons à tous les êtres inspirants, maîtres connus et inconnus, femmes et hommes, sages, éveillé(e)s de toutes les traditions, toutes celles et tous ceux qui ont contribué au bien de l’humanité d’une façon ou d’une autre avec lesquels nous nous sentons une profonde connexion en fonction de nos affinités, de nos rencontres, nous leur rendons hommage et demandons leurs bénédictions. Nous ne cherchons pas à les imposer aux autres, nous nous occupons simplement d’établir un contact avec la vérité de notre coeur. Pour les adolescents ce lieu de connexion peut-être une vedette ou un sportif qu’il admire, qui est sa référence, son modèle d’inspiration. Il peut penser aussi à toutes celles et tous ceux qui ont été bons pour lui, qui l’ont aidé d’une manière ou d’une autre, ou une relation privilégié avec un animal etc. Il y a toujours quelque chose de bon à quoi nous relier. Réveiller cette connexion est fondamentale pour nous faire confiance.
Nous rassemblons ce geste dans la formule qui suit : En l’espace de toutes les sagesses

IMG_4399Puis le geste des mains se délie en un mouvement ample pour se rejoindre et pointer vers la gorge, c’est-à-dire vers nous-même, l’être que nous sommes, dans son aspiration à suivre ce chemin ouvert par d’autres, à se reconnecter aux aspects les meilleurs de soi, à la confiance en notre potentiel d’éveil déjà présent. Nous sommes conscients que nous devons mettre la main à la pâte, que le chemin est entre nos mains. Les bénédictions ne suffisent pas à s’éveiller. Pour les adolescents, leur rappeler que chacun a un pouvoir d’action pour mener sa vie. Nous sommes le propre leader ou pouvons le devenir de nos choix. Il est possible de sortir des rôles de victime/bourreau. Nous ne sommes pas que ce que les autres décident que nous soyons. Nous sommes tous doté d’un pouvoir et d’une liberté d’être et d’agir même si les apparences extérieures semblent dire le contraire. Nous avons la sagesse et le pouvoir de reprendre en mains le bateau égaré ou perdu, le pouvoir de recevoir l’énergie précieuse de cette identité en nous qui cherche sa voie. Conscient de notre potentiel, nous récitons : Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir

Puis nous ouvrons à nouveau les bras et rassemblons en un geste fluide nos mains qui s’unissent au niveau symbolique du coeur. Là où nous touchons les qualités inconditionnelles, les graines, les semences qui attendent d’être nourries pour fleurir. Nous pensons à toutes ces qualités déjà présentes dont nous parlent toutes les sagesses et les enseignements : l’amour, la bienveillance, la joie, la générosité, l’abondance, l’énergie, la patience etc. En pensant à toutes ces qualités déjà présentes en semences en vous, peut-être l’un d’elles se manifeste-t-elle avec plus d’intensité comme un appel à vivre plus dans votre vie aujourd’hui. Que ce soit l’amour, la confiance ou la joie… accueillez cette qualité dans sa nature inconditionnelle  avec bonheur et ouvrez-vous à l’énergie de bonté de cette qualité, vous promettant de la nourrir de toutes les façons possibles comme on prendrait soin d’un joyau. Pour les adolescents, les connecter à ce qu’ils aiment sans jugement, leurs goûts, ce qui les rend heureux et apporte du bonheur partagé avec d’autres. Souvent la plus grande qualité de ce moment est rencontrer l’amour, être amoureux. On récite : Pour prendre soin des qualités inconditionnelles

Puis on ouvre à nouveau les bras et on on joint les mains, quatre travers de doigts sous le nombril. Lieu de l’ardeur, de l’activité créative, de l’énergie d’accomplissement. En souhaitant mettre en action les paroles précédentes, que cela ne soit pas vain, que nous allions notre chemin avec détermination, courage et humilité. Nous faisons cela pour nous même car nous en serons aussi les heureux bénéficiaires mais les bienfaits pour soi dépendent de la motivation tournée vers autrui. Pour les adolescents, mettre l’accent sur l’action, l’engagement concret comme source de confiance, d’estime de soi, de capacités mises en oeuvre vers un but souhaité. L’entraide et l’amitié sont des valeurs prisées chez les adolescents. Aussi, contrairement à ce que l’on pourrait s’imaginer, il ne leur est pas difficile de penser à autrui, en général leurs ami(e)s avec cet esprit de bienveillance. On peut aussi questionner en ouverture : ai-je déjà fait quelque chose pour autrui ou inversement?  quel est alors mon ressenti? y-a-t-il de la gratitude? On pourrait aussi inclure les parents mais tout dépend, cela est parfois délicat.  Au départ les ami(e)s semblent être le point sensible le plus recevable. Réalisant ces deux biens, nous enchaînons : Mobiliser les forces d’accomplissement au service du bien d’autrui et du mien

IMG_4407Puis nous ouvrons les bras, les rassemblons mains jointes en pointant vers le bas, vers l’endroit où nous sommes, vers la terre. Nous lions ainsi ensemble la terre et le ciel, ayant consacré l’espace que nous sommes, tendu entre ces deux racines essentielles de l’humanité accomplie. Pour les adolescents, il s’agit de s’ancrer, de s’incarner, de saisir les bonnes opportunités qui se présentent à eux, de les reconnaître, d’être attentif, présent à l’instant. Nous terminons par : en la terre d’ici et maintenant

Ce refuge universel en cinq gestes peut avoir bien d’autres niveaux de résonance. Déjà il est possible de l’utiliser pour débuter une session de méditation ou pour la terminer ou les deux. Lorsque nous avons besoin de nourrir notre être en termes de liens, de contact avec l’essentiel, de retrouver la vitalité de nos racines. Joindre les mains symbolise l’unité intérieure, le retour vers l’essentiel. L’intimité féconde de ces liens scellés du « juste être » en conscience du potentiel que nous sommes, nous aidera à trouver un meilleur équilibre dans le faire et l’avoir, et ce qui en découle en terme de relations. Vous pouvez aussi la guider telle que décrit ici,  ou la guider pour des adolescents. Bien sûr réciter ne suffit pas, c’est le point de départ d’une pratique de l’attention. Si celle-ci est bien introduite, elle recevra le sol adéquat pour croître. Que cette pratique vous soit source d’inspiration et de soutien au quotidien.

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