Sur le sentier des simples marche l’ermite, un scarabée le précède jusqu’aux falaises en ascèse. Là l’ermite chahute l’amnésie du monde en ouvrant son reliquaire de lumière : en son coeur est le pendule de la boule solaire qui rythme les voyages d’un monde à l’autre.
Le coucou chante à la marguerite : O mon coeur ne pèse pas trop lourd sur le bord des draps, au trépas de ma voix sache ce qu’il en est, O mon coeur pleure et rit en paix, lâchant le poids qui t’enchaine aux sirênes du jour, trouve ton chemin d’immédiat lotus.
Nous avons chacun un ermite qui prend les devants, et devant lui un scarabée, bousier solaire des macchabées qui renaît à chaque instant, leste et vierge. Le sachant, la connaissance pourrait devancer l’illusion pour de bon.
L’eau miroir devient l’oeil sacré qui observe les mutations, transparence géométrique des flux, la conscience cherche l’espace dans un oreiller de sable. La nuit s’éthère d’un noir têtu.
Venu, il nous faudra partir, voler dans les airs des cadrans psychopathes, s’allonger dans l’errance d’un cadavre et devenir feu de joie, laissant la banquise des trottoirs aux vivants temporaires. Tu sais que tu n’as pas d’autre choix que l’instantanée mutation des douces saisies, tu sais que tu n’as pas d’autre choix que de mourir au centre.
O mon coeur, mâche et crache en paix, lâchant le poids qui t’enchaine aux sirênes du jour, trouve ton chemin d’immédiat lotus.
La souris toute petite tourne dans la boite et s’acclimate aux murs de ciment qui s’élèvent doucement quand brusquement tout s’effrite et retourne au blizzard du hasard. Que croyais-tu? pouvoir t’immoler dans ta quête de sens? pouvoir édifier de nouvelles fascinations? pouvoir échapper au tremblement des éléments?
L’ermite ouvre le chemin des simples, il dépose un baiser de lumière sur ton oeil apeuré, la conscience est un coucou des champs, entends-tu sa clémence? la marguerite s’étiole en frêle duvet, sous sa coque jaune le coeur d’un scarabée parfaitement momifié luit d’un vert éclatant.
Notre écorce est mutable mais ce qui vit retourne à l’invisible déité adamantine, à l’imprenable noyau, à l’insaisissable flocon, à la tiare lunaire du double solaire. L’ermite s’est évaporé lui aussi, il s’est résorbé en le scarabée du coeur, lui-même en la faible lueur d’un point évanescent et puis sans et puis rien d’autre que de la poussière.
Quelle magnifique image ; » L’ermite ouvre le chemins des simples. »
Puis ; « tu sais que tu n’as pas d’autre choix que de mourir au centre » ; une incontournable invitation au voyage de l’existence humaine !
Merci Wangmo, pour cette ouverture où le dedans et le dehors se confondent…!