Aujourd’hui il fait froid – l’extérieur est une cave – la pluie goutte du ciel blanc – la mantille noire des arbres est en deuil de clarté – tout semble stagner à la brume épandue cependant le bouddha du jardin est serein – Arlette improvise devant le cimetière de son bestiaire des gestes de petit rat de l’opéra des déhanchés de tchatchatcha des sauts endiablés de ballerine russe – des petits os des bouts de peau avec lesquels elle jongle frénétiquement puis s’en va très soudainement totalement détachée – dans l’herbe des coupes de feuilles mortes recueillant la pluie – si racornies qu’on les dirait échappées d’un vieil incendie dont l’origine se perd dans les draps du vent qui ressuscite à l’occasion une heure ou deux et chasse la glue grise et stagnante qui pensait s’être installée là jusqu’à la fin du monde sur le banc bleu. Inspir – ouvre les yeux – Le vent nomade chasse les rois – chaque caillou glossé de pluie rutile de présence – la solitude du monde dévoile ses dessous en bipant les téléphones tactiles et monotones – au loin le brouillard se laisse traverser par des éléphants d’éclaircies – tout est intact – quelques cloques de tendresse perlent au robinet -il y a des appels que l’on n’entend pas – Ecoute –
Aujourd’hui la couleur du monde s’est montrée pâle farinée et enveloppée de théâtralité – Aujourd’hui les tirades des choses sont sensibles à la sensualité de la pluie s’écoulant du parapluie – les hauts talons de la belle araignée floutent le jardin suspendu à la dernière épine – regarde là il reste quelques roses flétries et recroquevillées sur leur bouton puis d’autres là au rose tenace qui flashent le regard en plein décembre – peu importe la cause tout de même il reste une rose –
Incroyable cette rose qui semble encore toute fraîche, et avoir encore les joues bien roses…!!! ;0)
La nature se laisse voir quand nous lui disons: » Bonjour. » Et là, dans ce texte, quel joli salut elle a reçu.