Aller coiffer la lune d’un élan de générosité à trois heures du matin – tel un serin d’avant garde au dépôt de la nuit –
sans bruit tu te lèves et tu verses des litres d’encre au sang bleu de l’aube – le rébus biographique de ton oeil entrouvert reprend du service – tu te glisses dans le tunnel sombre de l’escalier – tout dort dans la peau des mandarines que rien ne pèle –
sensation de devancer l’histoire – trou noir au rouet d’un encrier qui bascule à la fenêtre –
la plume de murakami c’est la nuit qu’elle se lève qu’elle sort de sa cachette qu’elle est à l’aise qu’elle se faufile dans les interstices obscurs et inquiétants comme une souris entraperçue – comme un gant dans la plume – comme un rhume qui s’exorcise –
intermède du doux venin jamais loin du remède – aller nulle part et en donner des nouvelles relève du combat des lutteurs – de l’art des flûtes et des bascules mineures – des rencontres inopinées en bord de table – des doigts trempés dans les dévidoirs inclinés du temps –
surprises les veines électriques des étagères métalliques s’allument d’un plot hagard – dans la cuisine les nouilles attendent leur débarras sagement entrelacées dans l’assiette – le royaume ressemble à l’écurie d’hier soir – le silence et l’espace sont palpables et suspendus en tout point réguliers autour des objets –
le robinet laisse couler une douce addiction – tu te mets à tout ranger à sampler le moindre papier monochrome abandonné sur le sol lividement parcouru de saletés –
les réseaux de la pluie tendent à éclairer la vitre de leur propre paysage décousu – dehors il fait noir – la lune projette son fagot de cendres sur le noyer – la plume de murakami glisse sur le sofa elle a l’art d’aller nulle part de faire se croiser le hasard des mots et des couteaux et de partir sans dire au revoir – elle sait plonger au coeur des circonvolutions assoupies et respirantes – elle sait éveiller des soupçons de vacuité là où la mer se pose comme un oiseau à l’envers des roseaux –
tu te mets à tout ranger à sampler n’importe quelle virtualité sonore – le monde gronde dans les emballages et les trophées des bières abandonnées – l’albatros de la nuit pose ses fesses au bord du fauteuil qui attend qu’on le caresse d’un accueil –
murakami assoie ses yeux d’origami au bord de la literie et sa plume atterrit sur le ventre du sommier écarquillé à moins que ce ne soit le ressort des pommiers de tirer des lignes sur la plage des cahiers –
toutes sortes d’animaux escortent les alphabets des ombres – contempler la pendule qui mollit – ouvrir le sac du vivant – par télépathie vont les passions de la baie des anges – mangues jumelles qui dédoublent leur chair au dali du jardin – ça sent bon le rêve et la couleur –
est et restera étrange la litanie natale du matelot qui a le mal de mer – la plume s’éplume et lâche une main – souples feuillets d’hypnos où le doux venin n’est jamais loin du remède – aller nulle part et en donner des nouvelles – transhumance humaine et florale des coeurs en ressemblance – dormir encore un peu et s’égarer avec bonheur –
Après lecture, j’ai dans la tête un goût qui ressemble à un lendemain de fête…! ;0)