Que faire d’une brosse poétique?

Que faire d’une brosse poétique est une question essentielle que vous vous êtes déjà sûrement posée à l’occasion d’un asséchement d’aspiration vitale ou d’une perte d’énergie collatérale due à un déménagement neuronal précoce où les mots semblent partis, ont déserté votre vie pour aller voir ailleurs si c’est meilleur. Pas de panique : Il suffit de savoir où vous avez rangé votre brosse poétique la dernière fois que vous l’avez utilisé ou d’en fabriquer une si la vieille est usée, quoique plus elle est patinée et plus précise est sa puissance d’exécution, ou si vous n’en avez pas, quel dommage! demandez à quelqu’un qui en possède une et l’utilise régulièrement de vous montrer comment la fabriquer ou comment redonner du panache à l’ancienne.

D’abord sachez qu’un mot est un mot, libre d’idées et de sentiments, il voyage à son gré. Il fait ce qu’il faut pour la connaissance immédiate du vivant ou du réel, le reste il l’épelle ou le jette au caniveau des vieilles dentelles et arsenic.

Un mot ne peut s’utiliser sans sa brosse poétique, comment se servir de celle-ci? en éludant les chemins trop balisés, en recyclant les plaintes du village mental mal organisé, en aérant chaque matin la vision, en débutant avec innocence et fraicheur plutôt qu’en butant avec complaisance sur les pneus dégonflés des poumons fatigués. Allez on ouvre un oeil et le bon!

Notez qu’en vous couchant sur le dos vous pourrez vous frotter l’échine contre les poils de sanglier du mystère céleste et terrien que vous êtes – mystère que vous retrouverez à l’occasion dans votre stylo ou les touches de votre ordinateur ou encore derrière les rideaux de vos paupières closes la nuit venue.

Clavier clavicule clameurs à déclamer ou non, à vous de voir si votre brosse perd son âme ou pas?

Soit dit en passant voici une petite astuce d’anciens utilisateurs : respirez bien et brossez la peau des mots à l’envers cela stimule le bulbe rimbaldien. Et surtout surtout donnez à manger à votre brosse, ne faites pas l’erreur de la laisser végéter trop longtemps. Elle aime les fibres musicales les tam tam des îles les rythmes crus, bruts et bios.

Un mot est un mot, libre d’idées et de sentiments, il va droit au but. Il ressemble un peu à un ange frotté de lumière qui attend sur la boite de camembert qu’on s’occupe de ses ailes, en se limant les ongles et en sifflotant jambes croisées. La maryline d’un mot peut être sexy vous en conviendrez.

Un mot comme l’ange sus-cité ne demande rien ne veut rien non plus il est totalement libre et s’aliène quand il le décide toujours de son plein gré et pour un temps limité car il a beaucoup de choses à faire entre deux silences.

Un mot est un mot, libre d’idées et de sentiments, il possède néanmoins une certaine influence – il peut inventer si ça lui chante quand ça lui chante et décider de changer celui ou celle qui l’utilise – à vos risques et périls en la demeure il peut vous titiller de questions enigmatiques vous entraîner dans son mystère s’inviter à votre table à l’improviste et ne plus vous lâcher un peu comme un crocodile en tapis ou un gosse mal élevé – toutefois il sait être magique et charmeur même si parfois il est austère et hermétique – quoiqu’il en soit il est toujours là adossé à votre oreiller prêt à vous servir, à vous éveiller, à vous offrir la dernière et la première fleur vivante du jardin d’aujourd’hui.

Jamais il ne se lasse des indigences et des oublis – il est patient et vous attend sans rien vous reprocher – pendant que vous ressassez en mode automatique il fait des ricochets dans l’eau de votre cerveau il se baigne dans l’étang de votre sang il souffle dans le fémur des lettres qui vous constituent et bien d’autres choses encore que vous pourrez retrouver d’instinct une fois que vous aurez réaccordé votre instrument.

Un mot est un mot, sur un pissenlit il rebondit, il n’a peur de rien et surtout pas du vide d’où il vient et où il retourne avec l’aisance d’une nageuse olympique mais il aura à coeur de faire un joli ballet dans le bateau de votre bassin jusqu’à ce que la colonne vertébrale de votre squelette s’évapore en ondes de choc pour aller percuter ailleurs qui sait vers quoi? vers d’autres mondes inexplorés, d’autres coccyx inversés, d’autres passages secrets? personne n’en sait fichtrement rien.

bien qu’il aime l’effort et le réconfort d’un vers (verrre vair ver?) un mot sait comme personne que rien n’est jamais fini, acquis, bouclé, terminé. Parfois il fait semblant que si car il aime faire plaisir à l’auteur(e) de ses rêves.

Un mot est en lui-même, vous l’aurez compris, une brosse poétique: libre d’idées et de sentiments, il se faufile partout, avec une aisance toute orientale de mantra déguisé.

Avec, nettoyez le placard de vos idées, débarrassez-vous des vieux concepts usurpateurs qui rongent vos sangs depuis des lustres; retrouvez l’appétit du jamais vu, entendu, connu – savourez et remettez au goût du jour le bonheur des profondeurs et l’ivresse de plonger dans le mouvement des lettres et la beauté de leur forme mais sans vous y attacher car un mot ne peut vivre longtemps sous la contrainte ou le joug d’un mental gonflé à bloc.

Un mot est un mot, toute vérité est bonne à lire, à éclaircir ou à taire selon le moment. Rien n’est écrit à l’avance – à l’oralité des histoires ouvrons nos tiroirs. Il était une voix, dix voix, mille voix…

Un conseil : pour régénérer votre brosse poétique, trempez là dans le bol de votre coeur chaque jour un peu, vous verrez de nouvelles couleurs apparaître et vous enchantez  – vos joues deviendront des forges d’inspiration et de renouveau –

Evidemment il est fortement conseillé de s’entraîner – de préférence avant le lever du soleil – comme suit : les yeux en face des trous – inspirez bien cambrez vos lèvres en arrière puis expirez pour laisser aller le petit dernier tout heureux de gambader dans l’espace blanc et libre du moment choisi.

Et n’oubliez pas d’envoyer un faire-part de naissance car un mot aime être dit dans la voix qui l’abrite et le révèle, le met à jour et le partage.

 

Un commentaire Ajoutez le vôtre

  1. Guilhem dit :

    Hugh , de la Brosse, dirait l’indien,
    de peaux pourtant il se revêt;
    Enjoiyé d’y voir les as
    pires à son cou peur de tête

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