premiers vers vacillants du printemps – touches claires sorties du chapeau de la terre pour un matin mordu de primevères
constance des feuilles aux cuisses d’hiver qui paressent encore en
travers du chemin devenant vert et pourtant sonne l’heure de leur démission –
quelques foulées d’alouettes se synchronisent aux aisselles du vent
des bourgeons s’embouclent aux branches nues qui
rivalisent de promesse avec les maquis jonquillés – des balles de fleurs surgissant ça et
là au gré de leurs humeurs bousculent ta vision –
dans le dali des jardins la brume est miroir des naufrages de la nuit alors que des queues de
sirène poussièrent d’argent le front des champs –

des pompes de lumière activent tes yeux qui sourient à la ronde – le sucre fond dans la tasse aux seins de lait – rien n’est plus parfait que le fond où glisser –

le soleil meure chiffonné de rosée sur le pont de multiples transparences où
se froissent les doigts timides de la femme contre la tasse qui bourdonne d’électricité
le torchon essoré pleure sur la chaise – l’homme ne sait plus quoi penser du griffon de la terre – mais quand les deux s’accordent c’est bonheur –

à la bougie d’un revers de main il y a déplacement des étoiles – des effluves de sève et de vigne trépignent sous la fenêtre –
dans la lucidité de ta lucidité dorment des carrés de peaux que lavent des
lavandières improvisées vierges noires et gardiennes des troupeaux brillants de ton sang –
Inspire ces magnifiques encens d’invisibles roses descendues en l’instant – quand les deux vont l’un vers l’autre alors c’est joie absolue –

avance toi dans le dali des jardins recevoir les pluies fines et dorées de
bouches en feu où mijote la tête infinie de la foudre qui déplace les montagnes – alchimique embardée des déménagements intérieurs qui te fait vaciller sur un caillou – rire des louves –

premiers pas du printemps – touches claires d’un matin mordu de primevères –