Mozart couvre le béton de
quelques notes plaquées au minéralogique des numéros pairs
plafond bas et dé à coudre des néons espions
descendre dans l’orphée des parking n’inspire pas tellement confiance –
prendre un ticket en entrée sitôt englouti par le cyclope automatisé qui
parfois selon l’endroit dit à haute voix la marche à suivre
avant les tournants non négociables de la plongée en mineur de fond –
logo d’un piéton qui feint de fuir –
ascenseur dont on ne sait s’il ne va pas s’arrêter dans
sa poussive montée et vous laisser là à vous
asphyxier dans son ventre d’oubli – parking darling et
encore s’il y a de la place qui se libère – l’écriteau méningé lui
aussi affiche complet – mate un minion vert qui nous ferait de l’oeil c’est
que quelqu’un est parti et que la voie est libre –
pas si bien rangées que ça les grosses cylindrées
les passagers doivent garer leurs haltères et repérer la
sortie en serrant leurs hanches que rien ne dépasse – veux tu prendre les escaliers puants sales et dégradés
on est à moins trois sous le niveau d’air – suffoquer au parking ou
dans l’ascenseur tu préfères quoi?
C’est un peu comme visiter le Tartare le
fleuve où vont les âmes en attendant leur
placement réciproque – en attendant de recevoir leur
plaque minéralogique tu es pair ou impair?
Imagine Narcisse le spleen de l’âme qui a égaré son ticket et
sa place de parking et les cherche désespérément sans
se rappeler où ils peuvent bien être – mettez votre gilet de secours et suivez
le petit bonhomme à l’oeil unique et borgne qui a l’air d’avoir une jaunisse permanente
il vous conduira à la caisse où vous trouverez un haut parleur pour faire votre annonce –
ého mon âme où es-tu passée? joues-tu à cache-cache ou as-tu disparu pour de bon?
ého les humains est-ce qu’il y a quelqu’un ou est-ce que tout le monde est mort et que c’est la fin du monde?
Baudelaire vient de sortir de sa BM il rentre de Lisbonne ou peut-être de
Rotterdam à moins qu’il ne soit allé plus loin n’importe où hors du monde – pas
facile comme destination sauf si c’est la destination finale mais apparemment on en revient – le carré de son lit s’est un peu élargi à l’hôpital de la vie – l’absinthe de
ses yeux perce le mur invisible d’une magie noire et extatique – il hante
l’obscurité d’ici – c’est le seul lieu qu’il ait trouvé pour continuer son voyage immobile – parking des vanités qui se comptent sur les doigts de la main –
je lui fais comprendre en langage des signes que c’est assez inattendu de le trouver ici –
il connait bien l’endroit – chaque issue de sortie ouvre systématiquement sur une impasse tu crois sortir à l’air libre mais tu t’enfermes encore plus tu n’es plus qu’une proie dans un jeu de pistes dont tu perds la piste you understand? – tous se baladent dans ce cercle infernal sans avoir conscience d’un début ou d’une fin – être une proie aveugle est devenu la norme –
est-ce la destinée d’un poète de finir dans un parking? est la seule question qui s’impose à mon esprit après ces sinistres révélations qu’il aurait peut-être fallu chercher à approfondir – est-il déçu? – son aura se détend en cratère de lumière – ici ce n’est pas pire qu’ailleurs me dit-il avec la voix douce et le phrasé assuré et flegmatique de Michel Houellebecq – j’y vois du monde juste ce qu’il faut pour repartir revenir et repartir – régulièrement je change de voiture selon où je vais même si ma destination préférée reste les toits de Paris – évidemment répondis-je démunie – d’un ton entendu de fausse connivence totalement dépourvu de répliques –
des phares s’allument des pneus crissent – tu fais quoi à chuchoter dans le noir?
j’ai cru voir Baudelaire ou Beethoven et encore d’autres je ne sais plus trop – moi j’entends surtout Mozart non? bon alors on y va?
oui allons-y n’importe où n’importe où hors du monde du spleen des parking –
Tiens on dirait bien une expérience vécue et prtagée !