caravanes

Les années ont dénudé les grains de beauté du
chagrin sur ton visage d’édredon célibataire –
la petite cave de ton oeil ébène présente
au bustier de la nuit la tête enfantine d’un clou
qui dérègle toutes les pendules à venir – et si c’était à
refaire tu redescendrais les chutes du niagara avec
la même insouciance de petite jupe étoilée éclaboussée de
perles d’eau et de cris joyeux –

traverser les sables du temps en accouplant les
chaussettes du destin qui n’avait rien écrit de précis si
ce n’est quelques variétés graphiques sur la feuille de
ton corps dérobé n’était pas si facile –
enfant de brûlants soleils pesaient sur tes épaules nues
les caravanes de tes rêves partaient en fumée vers
l’arménie du ciel – tu perdais pied tu te débattais dans
les tombes de tes pensées puis tu lâchais tout sur
l’édredon diamantaire de ta journée – la tristesse coulait en
eau de couleurs au bougeoir de la lune – mais tu t’entêtais à
remonter la rive pour aller de l’autre côté mâcher encore et
toujours de mauvais sorts –

ton âme décomposée émiettait ses regrets de mère sur
ma blouse d’écolier quand tu me regardais je voyais le
désert la douleur thoracique de tes poumons gelés la
colère des titans restés au bord du chemin – tu étais ailleurs
perdue dans les caravanes de tes rêves au fumet d’océan tu
attendais que quelque chose vienne vider le puits de
tes marécages que pourtant tu défendais avec ardeur  – tu mourrais à petit feu irréversiblement dans les tombes émotionnelles que tu
creusais jour après jour instant après instant
tu ne voyais pas que les ombres de la caverne ne sont qu’illusions –
tu croyais toujours à la petite jupe d’étoiles éclaboussée de
perles d’eau et de cris joyeux – tu refusais l’instant tu ne voulais que l’arrêt de
ton sort que la mort en dernier mot –

le temps avait passé et ressuscité chaque fois tes demoiselles – tu étais devenue
mère malgré toi et tu restais assise dans le berceau de tes peines redevenant toi-même
l’enfant en mal d’océan –

l’enfant l’autre celui qui l’était vraiment ne savait pas quoi faire il avait autour du cou les
ficelles de la peur et du malheur – pourtant un jour il vit que les chaussettes du
destin n’avaient rien écrit de précis sur la direction à prendre juste
quelques fils à recoudre d’une aiguille de pardon – la route était devant –
à la sortie de la caverne les caravanes faisaient halte tu pouvais toujours descendre ou
monter tu pouvais aussi aller les brûler au désert de l’été – tu pouvais choisir d’entrer pour de bon dans ta caravane de peau –
alors sur l’édredon de ton épaule solitaire tu porterais le sac de petite jupe étoilée
éclaboussée de perles d’eau et de cris joyeux –
tu marcherais libre de l’autre côté de la rive – tu serais de chair et de sang avant de rejoindre un jour la caravane au désert des ancêtres –

Un commentaire Ajoutez le vôtre

  1. xab0003 dit :

    marcher de l’autre côté de la rive, c’est mieux que de mourir de ses tombes émotionnelles
    il faut sortir de la caverne des ombres
    Merci

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