l’onde aquatique à distance de
la lune énorme quand elle est pleine se
prend dans le filet de voix qui revient avec
la pluie à chaque saison abandonnant la raison
aux écailles pointues des étoiles tortues –
elle déchiquette les ourlets de la terre la
lune aux dents de scie qui ressemble au ventre
d’un poisson posé sur l’échelle extrêmement
haute d’un cheveu de nuit –
la barque en gélatine d’argent flotte telle
une cuiller coulée dans la résine d’un thé blanc –
à l’instant où l’onde te traverse saute à
l’hameçon de tes yeux un cercle beau comme
le cachemire d’une chèvre angora –
au milieu de la cour un baquet où taper l’eau avec la
méduse de mains pulpées de lune qui
rusent à attraper l’air et à semer du feu – rires –
quelques nageoires poussent aux hanches des
femmes en dragées de lessive – un filet de voix
jappe au front d’une harpe et s’estompe en buée au
miroir des échos – les enfants sont encore heureux d’être
des enfants sous la frange de boue et d’argile –
tout est si fragile à l’escale des secondes vagabondes –
souviens toi de ton coeur aux lèvres de ruisseau qui
comme un fruit pelé en larmes de pluie fondait sans bruit jusqu’au
noyau dur de ton haleine étrécie – toute peine fait écho à la tienne et
gonfle les mamelles de tes jeunes paupières – sous ta peau juvénile
poussent les grains de riz d’un quartier montant à jamais lucide – sensible à la douleur
sensible à la résonance des coeurs sensible à l’humus de la terre –
ce qui tombe dedans dans l’eau de tes mains en
coupe de zéro tu essaies de l’attraper en même temps
tu as peur de ce que tu pourrais trouver – ce serait quoi?
le chagrin d’un azur la mèche d’un amour éteint la ville lacustre et
serpentine de joies courbées et oubliées à
la branche de ton coeur ? – tu pourrais en parler au
cerisier qui lève la tête ou à l’ange qui ploie sous la
coupe des soies – tu pourrais en écrire la langue nouvelle et
venue à travers toi ouvrir la
prunelle échouée d’une barque hermétique –
ainsi est l’ondée fragile de la tendresse au moment de sa fuite – à la seconde où
tu la cherchais encore le visage s’est fermé a glissé vers sa nuit inaboutie de
vase clos – où étais-tu quand tu ne regardais pas l’incision du couchant à
ton front descendu? –
le rêve était monté si haut tel un cheveu de nuit
poussant au ventre d’un poisson à la belle saison des
ondes très blanches –
te restait en mémoire la serviette sèche sauvée au vent des
eaux – la liquette d’un oiseau pendulant sous la dune – l’écaille d’un choc passé
alors inaperçu et revenu à l’abreuvoir du moment à la lune d’une onde –
te restait la secousse d’aimance par la main de l’enfant à la tienne scellée –
ta poésie est un nectar divin
je suis touché en plein coeur
les enfants la lune énorme le filet de voix
l’onde hameçonnée en cercle magnifique
une symphonie dans les yeux
ta poésie est un enseignement de luminosité vide ( l’onde précisément )
ta poésie c’est l’intelligence fondamentale qui coule à flots
ta poésie est noble
je te rend hommage Reine Flamboyante
les étoiles tortues les secondes vagabondes
l’incision du couchant à ton front descendu
encore heureux d’être des enfants sous la frange de boue et d’argile
lucidité à l’absolu de l’onde toujours te traversant
Toi Sublime Poétesse
Merci