Celui qui lance le caillou ne voit pas où il tombe
ne voit pas la vacuité vacillante frémir au passage de la fleur son indicible rousseur traversée d’agonie –
Celui qui lance le caillou partage un désert à vouloir plus loin ce dont il ne sait le nom –
Celui qui lance le caillou sait la peine du monde la douleur d’argile blanche qui coule au fond des coeurs immolés –
Celui qui lance le caillou attrape au vol le sang millénaire d’autres qui l’ont lancé avant lui –
Celui qui lance le caillou marche dans les pas de places qui s’effacent sitôt élues –
Celui là cherche le caillou pour se faire flamme – celui là pour se faire esclave d’un slam –
quand tout s’effondre de la nuit le souffle tendu rend l’âme et s’exile ailleurs hors du monde qui dévore –
Celui qui lance le caillou le voit revenir en verrou de cire sur ses yeux grands ouverts –
Celui qui lance le caillou abolit la rencontre –
quelque chose se préserve à la tempérance du matin où tu marches sans voir le chemin que tu traces à tes propres pas aveuglés –
Celui qui lance le caillou porte des orages de solitude sous la dalle du ciel –
au détour d’une étoile j’ai rencontré la mort au cordage d’azur qui muselait ta bouche – j’étais devenue le caillou par toi lancé qui chutait dans un puits de hasard – Et après ? y aura-t-il un bras d’oiseau où retenir l’éclair?
je suis avec toi pour toujours dans l’immensité de l’éclair
caillou se projette sur le mur des lamentations –
enfance meurtrie adulte projette des coquelicots affamés de tant de pauvreté –
bâtard bagnard je suis je veux être le héros de ma vie sans cesse maintenant –
mur s’effondre horizon du point du jour se fait jour de tous les possibles –
je fais un feu de joie avec mes réseaux ancestraux moribonds –
rosée chante l’oiseau sur les cendres fraiches regards d’azur sur la branche
de l’instant –
Amie
merci