Même si tout fuit comme les nuages dans le ciel
laisse moi encore frôler l’abîme d’un ver à soie et faire avec
toi quelques pas au bras des allées rouges de la rue chaude et
opalescente –
Même si tout fuit comme les nuages dans le ciel
la vérité aux pieds nus marche le long de la piscine qui
ment –
sous les tessons des mots des bouquets de violettes
sautent au cou du taureau sacrifié – du sang se mêle à
l’eau sidérale où le jour s’empale – qui peut départager
la lumière de ses ombres la vérité de ses mensonges –

Même si tout fuit comme les nuages dans le ciel
laisse la porte de ton coeur entrebâillée aux instants de
porcelaine qui vont et viennent parfois sans qu’on sache pourquoi
sans rime ni raison tel le vivace acrobate d’un petit cube apéritif
dansant dans la main ouverte –

Même si tout fuit comme les nuages dans le ciel
écoute le ruissellement des lacs et des fontaines et les belles sources
qui courent dans les veines des pierres de patience encore et toujours
jusqu’à épuiser l’épuisement même –

sous les machines de guerre les cheveux blanchissent de chagrin
Même si tout fuit comme les nuages dans le ciel tu ne peux
empêcher le pin pointu du jardin de donner au ciel des nouvelles de la terre
tu ne peux empêcher les délacements du vent de jouer dans ta barbe tiède –

Même si tout fuit tout parait simple et limpide au hasard de la
nuit – aussi simple qu’un saut sur la lune d’où on ne reviendrait pas –