Marcher seul
et passer sous les eaux ralentir les mots
frotter sa tête d’ail à la plume du vent
aller dans le puits cueillir le miel des morts
enduire son corps d’un charbon incandescent
traverser des voiles invisibles à
nulle autre pareille
courber les bois
jeter les éponges
amasser des sorts
éventrer des lièges et
paraître en gravier mouillé au
soubassement du petit matin –
ce qui se cache au fond du tiroir
attrape ton visage au détour d’un miroir
l’aiguille du destin
tourne en boucle
à la boussole du mensonge –
quelque chose de noir s’éponge à
la surface de ton front et
avale la courbe de tes cils –
violemment l’oiseau meurt
sa chair en fleurs convulsées
tressaille dans la bataille –
personne n’entend le
chant de ses entrailles
au dernier souffle rendu –
par l’oreille griffée
par l’aisselle éventrée
je te salue et
te prie de bénir ces pièces détachées du
corps de la nuit leurs adhérences d’opérette
leur secrète et labile mouvance leur errance
de poulpe intelligent –
Marcher seul
les herbes de la nuit aux trousses
enjamber les toits de bas noirs
suivre le manège des étoiles
rendre l’âme et aller se coucher –
par le ciel confondu
par le jour enterré
je te salue et
te prie de bénir à jamais
ces pièces détachées du
corps de la nuit –
je les jette au feu de l’instant qui fait le jour