j’ai passé la main à travers La diligence du vent pour y chercher
la coulée chaude et invisible du coeur
la lune a souplement décroché son turban blanc
je reste à contempler l’ombre très noire et
très grinçante de la porte entrebâillée
le jour s’évide et gît d’inexprimables intentions
le fil de l’aspirateur coince et rien ne se
déroule qui ne puisse être aspiré par la force même
de l’empathique visage du
matin qui n’en n’a pas
des odeurs de compost aux couleurs de
barbapapa dégagent des éclats de formica sur
la nappe plastifiée –
la fourchette entame un court trajet
la mouche cherche des eurêka en collant
au mystère absolu de l’ici et donne à
l’offrande une écriture opaque –
rire au détachement des choses qui s’empilent
en frêle matérialité où résonne la mienne –
le coeur déraille avec délices
il suit des jeux de piste de paille et d’herbe et
s’éparpille aux alentours il
devient nue nuée d’amour même quand tu n’y
es pas il continue sa course de gouttelettes sur
la vitre obstinément fermée –
l’aube est une vraie boucherie de
vélos sans guidon – le silence règne en avatar –
ôter les bâillons et les oeillères au mince
filet glouton du lavabo qui accueille indistinctement
les assiettes et les verres de crasse dévêtus –
l’épicerie du coeur reste ouverte toute la
nuit tout le jour et distribue des cacahouètes blondes
à décortiquer comme un corps qui n’a d’autre
mécanique que son écorce d’alouette à raconter –
la mort te plumera te fera une couette à trous
où es-tu où
tu n’es déjà et pourtant la main du cadavre coud des mots
et des gaines aux épaules d’éléments –
et tu vas dans le vent plonger ta main et chercher
la coulée chaude et invincible du coeur d’un
autre qui te rendrait le tien –
en rien je ne veux croiser le fer
en rien je ne veux te souffler délétère
en rien je ne tignasse l’absence
même si ça reste difficile à croire –
sur le pont du levant prendre une grande goulée d’air
et bouger autrement –
sur le toit sombre abonde l’azur juste comme ça
pour rien d’autre que de ne rien savoir que de
ne rien vouloir – que le monde y soit ou pas –
je te crois
j’ai confiance
tu m’enseignes
où suis-je je ne sais pas
toi tu vois
merci
tu élances ta poésie médicinale dans l’espace
chacun (e) y résonne sa part de Marpa numérique
chacun (e) apporte ses plus belles tours et repart avec ses plus belles ruines
une essence azurée se dégage de la poussière des ruines
même si nous avons des yeux de radeau médusé
même échoué (e) sur un banc de sable
il faut continuer à naviguer vers le levant