c’est une belle nuit de soie fine où tenir le vent entre ses doigts
où les étoiles font des paniers d’émeraude à la métaphysique bleue des
hommes endormis –
le coeur de l’arbre où je me cogne cogne et résonne sous la
plante de mes pieds fleuris –
les ombres m’environnent elles ouvrent d’aromatiques robinets où des clartés géométriques vont et
viennent si sereines que l’insecte crisse au frein du feu –
se cogner à la sueur des choses – remuer le corps de la terre
aller loin dans la course du silence aller loin où entraîner le réel à
monter en secousse au filin des branches –
s’expulser d’un retour de rêve – aller loin dans
l’oralité de tempos ossuaires – ne plus se retrouver –
ne plus se retourner – se creuser sur place se laisser
être en plénitude se dissoudre en partage
jusqu’à ce que la tombe s’énuage d’un clair de sein à
la peau si blanche que franche –
et encore
sentir son coeur comme un couteau tombé à l’eau –
pendant que le ciel m’interroge
deux étoiles partent d’un même point –
tout est donné à voir sur le comptoir de la nuit –
aller loin dans
des terriers de feu
dans
des sabres qui s’ensablent
aller loin au
cirque des nébuleuses
et revenir radieux –
en même temps que mourir vivre
en même temps que chercher trouver
en même temps que recevoir donner
en même temps que pleurer rire
en même temps qu’un lever
un tomber – la toute lune entre dans le plein soleil –
respectueusement
silencieusement
je me prosterne
des croissants de lune en gestation
dans le ruisseau de mon âme
d’un bond du coussin au clavier
il ne faut pas que je l’oublie
la grande absence
tu es là et tu n’es pas là
cela peut être terrifiant
ce n’est pas la mort
la mort n’est qu’un carrousel de pacotille où tu joues à la marelle
dans la cour labyrinthique
comme la vie
mais la grande absence
qui voudrait de cette vérité qui peut rendre fou
et peut être sage
qui voudrait de l’être dénudé à l’absolu de l’aridité de la désolation
de la solitude
paradoxe du paradoxe
c’est la clé de toute thérapie qui peut couper comme le rasoir
dans tes certitudes névrotiques
Superbe texte, magnifique photo qui éclairera ma nuit. Merci.