lorsque plus rien ne
permet de bouger
ni de faire ni de dire
alors il reste à
mourir dans la patience
éphémère et brutale
d’un moustique de
chambre –
à ses côtés
le lion dort dans la
fourrure de la
nuit –
écoute qu’il n’y a
ni écho ni
voix
juste à l’infini
la
plainte d’un
velours noir
saigné à blanc que
personne n’entend
que toi
sans autre –
les yeux de
la source fixent
le point où
cesse la trajectoire
sensorielle des pensées
et autres terminaisons
nerveuses –
ne t’oppose pas
à la cérébralité
fibreuse et déstructurée de
ta douleur –
laisse filer
la fileuse fée à
l’envers de tes idées
laisse le chant qui ne peut
se chanter
briser ta voix
laisse la main
qui ne peut trouver
perdre ses doigts –
suis le point où tout
s’arrête – là où tout
commence et reviens
et toi pars
laisse toi
aller à la patience des
pauvres qui n’ont
rien d’autre à
refuser
qu’un dernier
quartier de lune au
fond de la ruelle
sale et rougie –
à la lucidité profonde et
tranquille d’une porte
qui s’ouvrait tout
est parti
mourir sans
mourir
d’une lente agonie
tel
l’insecte tombé au puits de la poche
qui s’amoche en se débattant –
ne bouge plus
débarrasse toi
des céphalées de
la crainte de
n’avoir su –
ne reste à l’effort que
d’être sans –
sous l’éverest des
corps
bleus de pluie
se cachaient
quelquefois
des mots
touchants
d’amidon
et de soie –
c’était
autrefois –
il arrive qu’au milieu
de la vie
des cadavres
pleins de claire vacuité
remontent à la
surface –
gisant sur
le bas côté des étoiles
chauds
et luminescents
libérés d’ossements
ils attendent
dans la patience du
vent de
devenir poussière
et d’entrer
peut-être
dans le rêve d’un
enfant qui
te racontera
les pleurs
d’un revenant
parlant à
travers lui
la langue
des femmes
du
couchant –
elles lui diront
de patienter
dans le ventre
du
loup
qu’à
la lucidité profonde et
tranquille d’une porte
qui s’ouvrait tout
est parti –
« Mourir dans la patience », planquée sagement dans le ventre du loup !