Chant des cendres

Tombés au chant des cendres
les amours décolorés en
doubles minéraux gisent
gris au foyer des
impermanences
et saturent l’air de
leurs effets spéciaux –

dominos des chairs en
décomposition d’élasticité
la moelle qui semblait
intemporelle de l’éphémère
épinière s’en est allée en
eau rebelle à
l’insu de ta peau sans
autre issue que
le médicament du
jour descendu où
le molosse du
temps ronge un
os à l’orgue des
silences –

à
la vigne ajourée
givrée de
sang et
livrée
au trèfle rugissant de
l’automne
se greffe
le mur athlétique
de la maison
émergeant de la
brume et toujours
évanescent
poignard des sens –

c’est un matin
recourbé d’une
lame d’acier à
l’aile brisée –
un matin frais
de beurre
baratté et
d’oreilles mixées
au tambour d’un
gitan dormant
sous les rameaux
à la liqueur caramel –
vision belle de
lever du monde
et de joie libérée –

éveille toi à
la munition du soleil
qui percute
ta paupière de
poupée –
ouvre un oeil à
lancer au hasard
des milieux –
fais un voeu de
machine à sous
de danse indienne
de trousse d’écolière –
et puis sors planter
le ciel dans
tes veines blanches –

finement broyé ton
coeur d’oiseau pisse
de l’encre au kilo –
il en sort de l’azur de
l’azur et encore
de l’azur
aussi sale qu’il est
bleu –
un nuage monté en
caravage sculpte
le paysage et
le chat culbute
un seau – tu
entends mais ne
dis mot –

une vierge en kimono
pousse des rouleaux de
paille abandonnés
croque un champignon
à l’acné blanc
et relève son chignon
d’équinoxe –
le sacré déménage
dans les frais bocages
de nos cellules de
cellophane –
il n’y a plus qu’en
cet envers de
la mort qu’il peut
abriter l’or
de ses charbons –

la vache altière
répare le monde
de son corps
de lait chaud
donné en
offrande au
moineau
défendant la
barrière et ses nids
de tricot vert –

soudain
venue d’ailleurs
traversant les
herbes de lin jaune
la bête égratignée
court en tous sens
et voit
en accéléré
l’accident
vite arrivé
de la fin –
elle tombe
en arrière et
implose en
ta vision
nette et floue
à la fois –

une pluie de cendres
s’abat sur les toits
d’un doigt décomposé
déchirant la
membrane du passé –

en accéléré
l’accident
vite arrivé de
la fin
efface en
toi le
monde et
ses rondes
de feu –

2 commentaires Ajoutez le vôtre

  1. xab0003 dit :

    atolls noyés
    sans accueil
    aux écueils des vents
    aux pollens des morts
    aux images rouges trop tôt
    sans passerelles
    dans le vide des morsures
    systémique danse des fous
    vacuité de pulsions griffues
    carrousel fragile de bêtes et d’humains

  2. nboyer7 dit :

    Ce poème est remarquable ! Je n’ai pas de mot pour le qualifier tant il est juste, net, tranchant et doux à la fois. Merci Wangmo

    ⁣Envoyé par TypeApp ​

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