L’homme qui visait la lune est passé à côté du toit
tout feu tout flamme
harassé de liberté sous d’étranges assauts de
navets décapités au saloir du soleil –
il n’a pas vu la
chair tendre et vivante des mains
fines et
souples et tendues à la beauté des
rencontres –
combien de profil du vide te
faudra-t-il encore écouter
avant
de fendre et d’entendre
la bûche de ton coeur
s’effriter
en morceaux de savane et
de brique sauvage et
repue de lionceaux ?
cryptes des
mots où passent toute la
nuit des
serpents qui n’en finissent plus
de distiller leur venin
à la langue
insipide et mielleuse
et quand même
insidieuse à la morsure
mortelle –
blacktitude des
amours
sous l’écran total
des alcôves techniciennes –
reprends ton souffle et
offre ton sang à
la poule vénitienne qui
pirogue sur ton
dos courbatu –
sache que
nul n’est préparé
à la petite musique des
tisons meurtriers sous les
touches insolentes
des pianos internels
à la douceur
angulaire et cependant
mortuaire –
toi qui cherche l’été
sache que nul n’est préparé à
sa fin –
tu tires sur la corde de
tes nerfs musiciens tu vas
jusqu’à l’absolu courage qui
t’enlève la parole pour un
cri d’hommage brisé de
roches et de verre pilé à
tes pieds de champagne –
tu es la reine du vide
tu danses ivre de rien –
la nuit ouvre
ses jungles de chemise où
courir loin si loin –
de nuit comme de jour
tu vis dans la boîte du
désamour qui
écrit sa complainte
d’âne têtu –
tu bats la campagne où
rire est doux comme un
agneau de cocagne
déversant
des confettis sur la
cravate d’un mur –
l’homme qui visait la lune
s’est perdu pour quelques noix
de hasard au brouillard de
ses noirs désirs –
tu te fascines au
son de quelques voix qui
te font croiser les bras sur
ta peau de
mortel anémié –
tu t’attendris à la
dépendance d’une guêpe qui
parèdre – tu adhères enfin à
la fixité du monde –
d’autres routines te font
au front une rustine temporaire –
la nuit sait que
la lune est une
valise d’argent sans
billets et sans gagnant –
sous la blacktitude des écrans
tu aimais la
totale addiction de tes
constructions sanguinaires –
ta barbe était bleue –
l’homme qui visait la lune
n’a rien vu des préludes du
jour – il est tombé dans le sac
de ses mensonges et
se débat dedans –
fin du
vent la plage est blanche au
liniment calcaire des demains sans
lendemain –
les vaches le ventre plein de lumière
d’une race ferroviaire regardent passer les trains
elle ne fixent pas le point
elle ne font pas obstacle aux multitudes en réseaux
constructions projectionelles et sourires en attente de reconnaissance
nous emportent dans nos fosses fécales et tombales
un bon coup de bâton comme on ne les aime pas
et qui font tellement de bien à notre sordide fiction confortable
merde enveloppée de papier argent
et je suis le seul bien sûr
j’enferme la lune dans ma besace
et elle me pète à la gueule
pluie acide sur le liniment sans lendemains
pas facile mais nécessaire
une chance offerte et si fragile
pour ne pas mourir conard ou conarde