Tu descendais dans la nuit manger des
tranches de vérité perdue –
la douleur graphique étendait son corps de
silence comme on enfonce un
clou dans les nuages –
tu descendais dans
la nuit dans
le puits des
pas eux
aussi perdus –
tu rencontrais l’hiver qui te
disait que
sage est l’automne au
mors de cheval d’eau –
il y avait des motifs
d’apparaître au monde et de
tisser des transparences
malgré l’absence –
tu n’avais pas la
clé du jour mais
tu voyais sur le tissu de
ta peau se
coudre l’impermanence au
bec d’hirondelle –
lorsque tu descendras du
train tu traverseras les voies et
tu iras vers la nuit chahutée de
lumière mettre des kilomètres de
bouche cousue entre le ciel et toi –
parfois je vois que
ton coeur est comme
un dessin d’enfant
qui tout de suite est au
sommet de sa fleur –
parfois il se fane en
la course graphique
d’un cheval
amnésique –
je viens vers toi avec
la profondeur de l’eau et la
promesse d’une histoire
d’amour
sans histoire –
reste un clou
comme un fil
dans les nuages
qui tombe et
s’arrondit
au
milieu d’une
mer de
plomb –
je souffle sur tes
yeux un peu
d’encre bleue
qui a
la profondeur de
champ d’un
couteau blessé
et
ramassé au
hasard des
errances
blanches –
chaque soir le
corps subtil des
pensées voyage
et enfonce des
clous dans
les poches trouées
des nuages –
comme l’aiguille
pénètre dans
la toile et la tisse
de mille-fleurs
descendre du
train
traverser les voies
aller de l’autre côté
chahuter la
nuit de sel et
de vent –
venir vers
toi avec tendresse
te dire à quel point
je peux t’oublier –
mon coeur est comme
un dessin d’enfant
comme
un clou dans la poche des
nuages qui
tombe qui
tombe et
qui tombe
encore
au
ralenti
de
la pluie
toujours
venue
après –
de l’autre côté de
la voie ferrée
s’éloigne ta
silhouette d’hirondelle
un
point de
croix se
défait au
tissu de
ma peau
qui
glisse
sa
laisse au
trot des
pas perdus
et puis
plus –
Tout filigrane évanescent
Absence et oubli comme des fils
suspendus dans l’azur qui apparaissent et disparaissent
à l’amnésie de ta peau
peau de poussière évanescente
et puis
tout filigrane évanescent dans l’azur à peine tactile
Oui les dessins d’enfants sont parfois très appuyés
tout s’oublie les jaunes lumineux de l’automne te le
soufflent à l’oreille
c’est vrai
j’oublie trop souvent de jeter l’éponge
j’oublie trop souvent d’entendre mon coeur battre au fond de l’océan
et pourtant il n’arrête jamais de battre
l’automne expirera bientôt ses dernières touches de jaune lumineux
emportées par le vent
l’absolu de l’oubli et pourtant beaucoup de fleurs
magie dénudée à la source habillée de vent
Une roue à aubes dans les cieux à peine tactiles
les ailes des fleurs se confondent avec l’azur
les dessins d’enfants sont parfois très appuyés