Monticule des crabes colorés feuilles décollées
des troncs définitifs aux encres rouges et dorées
mon ami veillait en cercle de plumes sioux
et le rêve venait secouer la nuque des
anges et faire trembler la terre à ses os assoupie –
mon ami à l’invisibilité d’un manteau de chair
touchait le ciel – juste en présence d’âme – en
rondeur de sable – les mains en coupe de
soie les yeux pleins de l’amour du couchant
mon ami venait s’allonger près de moi et chantait –
il veillait à remonter les draps sur
le bras découvert à poser sur le front un
baiser sincère et blond un épi de bonté
qui couronne et qui serre qui réchauffe et
qui donne à boire un bouillon de guérison –
la fenêtre gelée de blanc ne laissait rien
paraître du dehors – les bruits de
la nuit grignotaient les ressorts d’un
fauteuil à la tapisserie fleurie –
tu pouvais alors fermer les yeux et
t’endormir sentir le souffle sur ton cou
aller et venir tout son saoul libre et
détendu confiant en l’absence qui
détend profondément et rend
l’âme à sa jumelle de coeur –
l’ami veillait sur l’amie qui veillait aussi
sur l’ami ils savaient ensemble l’éternité
fraternelle et fugace qui fait
la douleur de la vie si forte et si frêle –
ils se tenaient la main qu’ils ne lâcheraient
pour rien
que dans la mort efficace à la certitude
incertaine –
leurs yeux étaient des fontaines où
cueillir le vérité toute simple que
tout passe et que les liens ne
peuvent rompre leur digue
sans que l’un n’y laisse des plumes –
l’ami restait là à veiller sur
la beauté étrange du jour vécu
à la naissance d’un sourire qu’on échange –
il y avait aussi le pain rompu et
la fourchette élue –
il y avait deux ermites en
chemin qui s’éclairaient mutuellement
à la rude torche des clartés souterraines
venues à la surface montrer leur face de
plein soleil de pleine lune de
souverain et souveraine têtus –
jamais même loin l’ami n’était loin il
veillait à poser la main sur le front à
remonter le drap sur le bras découvert
jusqu’à ce que la vie si courte
emporte dans la tombe tous les secrets
partagés sans témoin –
Il est des filigranes heureux un instant
de lumière
de beauté
que le ciel habille de dentelles de chair chaude au zénith saharien
Oasis en amont défait la dentelle
les souterrains hurlent les temps en ombres
¨Âme heureuse qui ouvre la fenêtre au point du jour
Merci l’amie de savoir toucher du souffle des mots l’âme endormie, réveiller d’une pétale soyeuse le cœur frileux , d’ouvrir et éclairer , réchauffer l’espace infini par la lumière des clartés souterraines venues à la surface