Sur la table
un citron
et pas que bon!
Carreaux des
torchons à travers lesquels
on ne voit rien que mouchés et saletés
J’entends le miel
roucouler dans le thé
vertu vorace des pigeons mignons
Au large de l’évier
de grands voiliers dorés
soupières et saladiers à l’inox compassé
Petite vie de rien du tout
une mouche écrasée sur le papier journal
chronique annoncée d’une défunte
Petite nappe
couvre toi d’émois à la pelle
des feuilles mortes qui crient de douleur
Que savais-tu d’un roi agacé de
ses bottes qui n’avaient pas assez de sept lieues d’avance
rien à l’écran que du blanc échoué
Le chat tortille son dos de rousse mantille
le sol gris a l’éclat d’un poisson à son âme rendu
va manger des ronces et dire merci
Le soleil ridiculement petit avait la taille
d’un oeuf au plat petit sein retourné à la nuit
reste la sérénité d’un bol
Tu es comme la vieille chaise d’un grenier
encombrante énervante et brisée où
va-t-on jeter le déboîté de tes os?
Ta chair et ton sang indiffèrent
ton coeur saigne bleu
reste le beau mystère de ton hameçon
L’automne saigne sur ses feuilles
pluvieux à la rigole d’une ride
le temps passe sous tes yeux
Tu n’étais et tu
n’avais qu’une petite vie de brin de
paille de haricot sauvage de navet noir
Tu n’avais qu’une petite vie tenace
tenant à un rien de bécasse
une petite cendre de goupillon qui faisait tâche
Tu n’étais peut-être venue que
pour dire au revoir – cela valait-il le déplacement
laisses devant toi passer toutes les armes
Tu es comme un sang qui ne s’efface pas
la fleur oubliée pourrit dans l’eau croupie
choisis la vase trempe et meurs
Une poire dodue
allongée à dos de vigueur et d’arôme confondus
bonté et joie des plénitudes fruitières
Changer de nappe changer de mémoire
ouvre le tiroir et prends le service passé
secoue ses calèches dérisoires et sers à boire
Une fois dans le noir
il n’y avait que du noir
et un peu de blanc à bâton rompu
Quand la clarté entrait
des bracelets de lumière épandaient leur champ
de paix et de commémoration aux drapeaux du noyer
Je suis un nuage qui s’éplage et s’écendre
au centre du monde d’une petite vie qui va
ailleurs sans autre ailleurs qu’ici
L’oeil du chat avait tant de
bonté d’innocence que tu t’endormais dans ses griffes
et t’éveillais étoile au fond de ses pupilles lattées de vert
Le vent soufflait sur le corps de ta page
tu étais page et aussi corps de sable mouvant
tu étais souffle et fin du vent
Et tu allais marcher de plein pied
ta petite vie sous le bras comme un panier
tressé et délavé – ton coeur était grand
Miettes d’ ADN d’un vaisseau cosmique comique
à la croisée des vents
des petits crabes légionnaires envahissent la forteresse de papier mâché
papier d’arborescences défuntes et mécontentes
Au cimetière c’est le bordel constate l’oiseau posé sur la croix
d’une tombe aux regrets synthétiques
l’aube s’orange de fou rire à la face des feuilles printanières
à l’interstice de l’automne
Bois ton café il va être froid
n’oublie pas ta musette et mets ta chopine dedans
tu en auras besoin pour chaîner tes arbres à cames
va faire ta journée « le glauque » et arrête de grogner
Vert grisé d’un vert de gris de la voix de cadavres
en croyance de vie sur une mer bitumée de bêtise
arrête de pleurer
tu vois bien que tes larmes dessinent des pâquerettes
au raz des étoiles carbonisées de puits sans fond
Disparition absolue et définitive à l’orée de la vie
lisière impénétrable et reste sur ta chaise à refaire le monde
c’est dimanche »le glauque »
bouge tes vieilles fesses fripées
il y a un nouvel orchestre à la guinguette
laisses tes défaites et viens vivre un brin de luzerne avec ta luciole
L’azur s’est invité à la guinguette
« Glauque » et « Luciole » n’ont rien vu
Tant pis