Marchent dans le ciel des dakinis boisées de soleil
tomber pour l’amour comme avancer sur le fil d’un poème
coucher sur le papier de neige la soie d’un regard
est somme toute possible –
Il n’est aucune distance qu’assez d’amour ne
puisse parcourir au risque de mourir de froid
au plus blanc de la cécité la bougie est sereine –
Il n’est aucune barrière qu’assez d’amour ne
puisse dépasser – au paravent de la neige
des larmes noires peignent des fleurs de chagrin –
Il n’est aucune épreuve qu’assez d’amour ne
puisse surmonter – à chaque instant l’amour est généreux
l’instant est sa précieuse mémoire d’étoiles –
Le pain sur la table était tout rassis
personne ne demandait plus rien
la vie s’était éteinte toujours du même côté –
Il n’y a pire cruauté qu’aveugle à elle-même
coeur de glace des fausses présences
ailleurs réconfortées – emporte de quoi tondre –
Tout laisser partir sans se retourner
lâcheté de l’enfant gâté qui à demi-mot
manigance ses petits bonheurs –
Il n’est aucune distance qu’assez d’amour ne
puisse couvrir ni recouvrir de sa bienveillance
de son aile chaude de sa laitance blanche –
Même plus de pain sur la table
juste une croûte de neige à la fenêtre
qui fond sans parler –
Sur l’autel la bougie rallumée se consume
je te donne la main pour que jamais tu ne t’abandonnes
dehors la neige me regarde de ses yeux d’enfant –