La mort vivait à côté de moi elle prenait son
petit-déjeuner sur le pouce de l’oiseau qui
s’éteignait à la vitre – à nous de nous éveiller aux sabres du vivant –
Tu comptais les jours sur tes doigts comme des
comptines d’enfant ou comme un prisonnier grattant
son mur – à nous d’écouter vraiment si c’est l’amour ou bien la peur –
Il se passe des choses sous les cieux heureux
les nuages du coeur se dégagent et laissent paraître un peu de bleu
à nous de rendre les dons joyeux si ce n’est eux –
L’arbre te regardait marcher et fléchir
l’arbre abondait en ton sens l’arbre était tous les sens et venait te
chercher là où l’azur te lâchait – à nous d’aimer sans relâche –
Tu ne sais rien de l’esprit qui hante le jardin
tu ne sais rien des salades qui pourrissent – où as-tu perdu le loup de ta bonté?
à nous d’être après tout libre d’errer –
Le ciel progresse-t-il? le ciel se mêle-t–il de ses vagabonds?
toi aussi tu peux abolir le temps et le vent du mental –
à nous de sortir les encres et les épices à table et à chaise vide –
Poser ses fesses sur un coussin c’est ne pas garder l’éveil pour soi
et pour l’amour être debout
et pour la mort coucher son âme – à nous et à d’autres qui es-tu?
L’hiver masquait sa chance
la forêt de ton ventre s’habillait de matin frais
le chat avait laissé traîner son amour de souris – à nous de poser l’ombre
au soleil qui n’est pas venu –
Radis des yeux qui s’évertuent à trouver mieux
à démesure que la mort avance nuit dehors ou nuit dedans ou
nuit tout le temps – à nous de repiquer d’autres étoiles –
Tout éclaire l’abandon tout cherche son pardon
un jour ou l’autre les fenêtres se ferment les éponges se racornissent
un jour ou l’autre tout est lisse d’aspérités – un jour ou l’autre le ciel bâille
sans nous – un jour où l’autre s’en va au ferré des écholunes –
A nous
genoux
hibou
caribou
boue
je nous
nous je
où nous sommes
sommes nous
nous sommes
je suis
et toute la suie
l’âme prise au filet
quand le miroir se fait marbre
vogue le paquebot sur le bitume encore chaud
la mer n’est pas un hôtel casino
tu peux prendre un café au lait à dos de caribou dans le grand nord
les étoiles s’en moquent
sous la moquette le soleil brille
les cendres de cigarettes tentent des percées
Perséphone attend le printemps qu’Hadès ne veut pas
Coré est toute joie dans la maison des miroirs
où les je ne sont que des reflets
mal aux je nous
le caribou s’effondre dans la neige
le café au lait cherche son océan sur la table
« c’est pas moi
c’est l’autre »
dit le caribou
l’autre qui jeté du bitume sur la neige
évidemment c’est toujours l’autre
l’hôte de soi
entre soie et suie
essuie donc la table
l’océan ne viendra pas aujourd’hui
peut-être hier viendra-t-il