Cheval de mer

Comme un cheval de mer
à l’angle des sabots les morts ne reviennent
pas à la
simple évocation de nos pleurs
le crépuscule éventré offre des
fleurs de chair ventre à l’air
le beurre de la mer salope la terre
les fleurs rouges se
fendent en deux
en biscuit de fortune
en dunes délétères
en coquillages prune de sang
et rien ne bouge

c’était un rêve et pas un
rêve un mauvais oeil un charbon à
la mine de bois aux moulures d’emphase
un dali à la muralité de pierre
qui changeait les
draps de gaïa en vagues d’église en
chemises trempées au tempo d’écriture –

si loin de tout tu ne peux entendre le
merveilleusement bleu
siffler de l’autre côté du ciel
sache le une fois pour toutes
les morts ne reviennent pas à la
seule lecture de nos voeux les
départs irréversibles et imminents
ont des échos de feu filant droit vers
l’irrespiré du coeur
à deux poumons la tristesse émascule
le verre qui déboussole la rivière et
tout part au hangar des poussières –

accueillir le fané
recueillir le précipité

tu es seul sur
le quai des embruns
une à une les
lampes s’éteignent
et tu ne sais pas
si aller au bout de la flamme
répare ou détruit

le jour fuit à
travers la passoire des étoiles
et toi tu
attends que le vent te déplace
comme un cheval de mer
qui fait femme de
tout feu –
sache le
les morts ne reviennent pas
à la simple incision de nos pleurs –

 

2 commentaires Ajoutez le vôtre

  1. barbarasoleil dit :

    Superbe et rythmé…

  2. xab0003 dit :

    Les morts ne reviennent pas
    mais ils battent l’instant de ton coeur
    ils quotidiennent ton sang
    ils époumonent tes pas
    la soupe te regarde avec ses mille yeux
    qu’importe que le mouvement soit immobile
    la rue bleue vit sa vie comme un vaisseau
    naviguant sur un ciel jamais apparu jamais disparu

    Les pleurs sont comme une brise jamais apparue jamais disparue
    quand la poussière réseaute avec les embruns
    qui es-tu la merde et la lumière
    je suis
    je ne suis pas séparé
    je m’interroge

    Une étincelle et puis s’en va
    ce n’était pas une étincelle pas même un peu de sel
    pas même un peu de selles
    pas même un peu de rien

    un rien délétère par terre
    à terre de ciel
    aux étoiles délétères
    Au zénith de la vie et de la mort
    la poussière étreint la poussière
    personne ne vient
    personne ne revient
    personne ne va

    Quelques selles sur la table de mon été qui s’effondre
    qu’importe je ne crois plus au Père Noël
    et c’est tant mieux
    je ne suis pas amer
    toutes les bouteilles à la mer vous le diront
    et toutes les mères n’y peuvent rien

    Il y a déjà beaucoup de choses dans le ventre de ta mère
    quand tu apparais avec ton ventre et puis tes yeux
    ton ventre et tes yeux au fil de l’eau pas toujours claire

    On ne peut pas rêver d’un autre monde
    il n’y a que son ventre
    tant pis si il est plein de merde
    ça fera beaucoup de merde sur les tables des étés alentour

    je suis un cheval de merde

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