au pas sensible et cadencé
au moindre geste
la peau humaine laisse aller
des bouts de fièvre
des morceaux de terre
brune et disséminée à la cheminée
du chemin resserré
où arriver au bout
sous nos pieds
les morts semblent de gelée blanche
novembre avance sa longue langue
sous les arbres de plomb
l’accueil est sage
le fleuve sans âge
emporte tout
d’un silence de pierre
jeté à l’eau d’un dimanche
la boue habillée d’ocre
a déjà retourné la terre
a déjà déposé les armes et
leurs souvenirs rasés de guerre
a déjà dépouillé les ors
a déjà efflanqué la nuit
d’un cerf qui s’enfuit
a déjà tout dit de l’indicible
a déjà cendré l’azur
d’un charnier de sourires
l’ambre des feuilles
fait un doux cercueil
au pas sensible et
cadencé des rêves
qui bougent le
réel d’avant en arrière et
la fêlure se crée précisément
au coeur des étoiles impensées
à l’arrière de la tête
l’infirmière ouvre le tiroir
dépose le pansement noir
le coton sec à l’aile de
papillon quand le poing serré et
fébrile lâche
le jour s’ébruite
la mort s’évase aux yeux fatigués de
la mère qui a donné la
vie au sable d’un corps
et pleure
ce que le sang peut encore
offrir à la mort
et même si l’histoire brouille les cartes
la paix reste reine
au mitan des couloirs –
Goutte de sang séché, à jamais ne s’effacera……….
Dieu que c’est beau !
J’aime beaucoup votre poème !