A la vague souveraine

A la commissure d’une pierre posée une
poussière de rose se dresse en
tresse d’oiseau que le vent
balance à l’eau lointaine d’un flot –
voir un buisson à la brume d’une
épine prendre feu et rendre l’âme
en larmes de mystère
combien de pas un homme fait-il à la
ronde de lui-même avant
de trouver l’axe de sa légèreté
combien de pas un homme fait-il avant
de tourner encore et
encore sur lui-même
sans effort ni cruauté
jusqu’à ébrouer sa matière
jusqu’à s’écrouler de lumière?

du soleil et un coup de vent
et à la dérobée l’aile fugitive
d’une arène de mer où
flotte le bouchon radieux des
yeux clos à jamais retournés en
leur demeure sans initiales

à la vague souveraine
du bateau pas vraiment parti
posé simplement plus loin
simple marin

à la vague souveraine
attentive au déclin du
matin au cercle ouvert
d’une forêt – à son puits de
questions dessiné sur
un pull bleu marine
dont l’éclair ouvre au coeur –

au couteau de son pain
le père coupe et donne
l’enfant prend et mange
ainsi la vie va
et continue son
chemin de grise mine et
de mine d’or

la terre offre sa mie de neige
à la main chaude et
ronde que tu poses sur le
corps de tes morts –

les mondes s’y mélangent
monter d’anges et de bibelots
la page tournée revient à
sa mémoire d’île cueillir la
montagne poussée à ton front
tu sembles
immobile et heureux comme
un dieu parti en balancelle
comme le drapeau d’une brindille
bousculé à la commissure des
pierres
qui sans résister résiste
qui sans flancher flanche

nul souvenir si ce n’est de naître
encore au passé déshabillé
aux timbres de voix qui
martèlent le ciel d’une douceur en
fuite – Ceux qu’on ne verrait plus
ceux qu’on n’entendrait plus
ceux qui seront nos petits pois sous
le matelas des nuits sans repos
viennent en pluie fléchir nos genoux
merci pour l’hiver

A la commissure d’une pierre
une petite rose fragile bavait son or
léchait la mort tanguait encore
au souffle du vent qui
d’un coup l’arrache
et la dépose ailleurs
à la vague souveraine et
ténue
tissée d’herbes et de sang
à la vague qui
prend le pied de
l’ancien en
oiseau renaissant –

 

 

8 commentaires Ajoutez le vôtre

  1. barbarasoleil dit :

    A la commissure d’une pierre
    une petite rose fragile bavait son or….

    extraordinairement beau!

      1. barbarasoleil dit :

        Ce n’est qu’une image sélectionnée parmi les nombreuses que j’aime.
        Merci à vous Hélène.

  2. Annie Zaoui dit :

    Merci pour ta beauté souveraine
    d’humilité
    Merci à l’or de ta plume
    Touchée au coeur par
    l’ange de ton coeur
    Généreux ,insatiable de mots
    Au clair d’une lune
    Sourire de chat

  3. princecranoir dit :

    Je reste sans mot. Coit (de plus beau ?)

  4. Sylvain L dit :

    la poésie si agile qu’elle lisse la plume, volette fluette

    1. Merci Sylvain. Je reviens de belles balades chez vous aussi par le guidon des plumes de beaux instants découlent

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