Alors que je démontais
le cadavre de l’arbre empesé de lumière
la mécanique du jour linéaire fuyait à
l’horizon – totale ouverture en
tous points azurée où passait le
joker des coeurs à l’oiseau dérivé –
le chemin grimaçait le monde fondait
restait la solitude d’un rêve – peut-être
la peinture si résiliente au fond d’un pot
où attacher mon cheval d’opéra –
ce rire des
fleurs quand elles perdent leurs couleurs nul
ne le connaît que l’homme qui marche sous la
montagne des soleils aux pieds –
et toi tu restes et moi je pars dans des hangars d’orage
qui pleuvent sur les trottoirs des villes des
flaques aux mains des moignons aux reins
des tendresses aux murs comme quand quelqu’un
entre le soir
et que tu ne vois rien que la jonque du vent –

la journée s’entête ajourée
un pinceau allongé sur la pierre
suscite des hanches bleues que je regarde à peine –
il y a un coin où l’ombre limpide en embuscade
m’a fait perdre le poème –
j’ai déménagé le mortier blanc des
affronts pressés de lune et de rivière –
l’or est venu à pas menus
bousculer la vision –
ma lanterne est rouge je n’ai
plus de feu que quiétude –

le temple frais du trottoir laisse
s’asseoir les déités d’un désert démuni –
j’entends les voix entre les lignes
essayer de se frayer un passage secret –
quand soudain le thé déborde
ne va pas croire que
je frappe à ta porte – c’est juste que la
lune pendule en écho –
et que le poème s’en est allé
courir après les feuilles du jardin –
quelque chose de presque pas
est restée gravée
dans la paume de ma main
qui tombe infiniment
entre les tombes de l’eau –