La soupe de nouilles à ras du
bol caresse mon ventre de ses lentilles
jaunes – une poignée de soleil arrachée à
la fenêtre tombante éclaire
pêle-mêle les papiers sur la table –
les notes d’or ébréché de
la tasse pas encore cassée
dont on devine la peau
fine entre les doigts – elle épand
une sueur blanche une écume
d’air intime qui invite à
lever le stylo –
le mimosa et le millet grillé
enrobent la
cuillère en bois
seule maître à bord du
temps retrouvé –
l’écran de l’ordinateur a
dû mal à suivre
perdu dans ses pensées
je l’évapore d’une pâleur de neige
qui neige neige neige –
il pleut plume
sous l’écume de la
mer – nage au fond
petite écaille blonde et
remonte en surface à
la face du monde qui
s’est retournée –
qu’importe aux morts le
sens de la tombe la
mort est ronde –
il me souvient d’une
tourterelle dans la cuisine de
son bec rose
de sa douceur de plume aux
dix mille pluies –
j’affectionnais déjà les
volatiles
une tourterelle à
trois ans un coq fier à dix ans
et une poule grise dont je
m’étais entichée à la
porte entrebâillée d’un
poulailler –
il y avait aussi la coiffe
d’indien où
mon âme habillée courait
immortalisée dans
le carreau d’une
photo en noir et blanc
j’ai encore la médaille de
naissance avec l’ange
cadeau de la marraine dont le
mari aviateur
avait dû survoler le colza en fleurs
sous la flûte du vent –
la médaille porte l’empreinte de
petites dents
L’ange est croqué – de
sa part belle et
magnétique reste le pain partagé
sur la nappe bleu ciel –
un couvert creusé dans
le beau bois ouvrier
avec du coeur avec
une soupe de nouilles
à ras du bol t’attend et
où t’asseoir à table comme
un jadis –
La soupe de nouilles
ouvre le bal des mots
elle coule à ras le bol
cette soupe de nouilles
et ferme ce grand bal
d’un temps qui est passé
La soupe de nouilles se mange toujours au présent heureusement 🙂
oui heureusement
mais à sa surface peut-être flottent des souvenirs?
Oui l’océan n’empêche pas les vagues de se manifester
😌