Tes larmes avaient pénétré en
ces lieux qui ne pouvaient s’atteindre autrement
qu’à l’impuissance de l’amour –
des lacs étranges aux perles de lumière attisés
abreuvaient de tendresse ton front
cerclé de nuit un fruit délicieux de
sueur et de vie –
Avant ces larmes tu n’existais qu’en surface de
toi-même
descendu chercher le
bonheur perdu aux
pieds de colosse et
d’argile
comme on va
par la neige embuer les chemins
sans pelle et sans vin –
tu es descendu
comme on va à la cave
dire bonsoir à l’araignée dérangée –
et tu
l’as ce bonheur là
proprement noyé à la
source intouchée et
vide de toute sentence –
le coeur sur la main et
dans la paume croissant encore
et encore
des mains serties de
mains et enfin le coeur
rincé de soleil qui
détale en papillons
de tous côtés de tous côtés
la lumière choit et lève en
la terre heureuse des
reines de soie –
le coeur percé blessé troué
à la vitalité saine et sauvage qui
mord tous les conforts et
s’abandonne à la mort coiffée
d’étoiles n’est que naissance
perpétuellement rendue
à la non résistance –
ce qui meurt dans les fleurs
nourrit la fleur qui se
meurt et renaît ailleurs d’un
qui va et se meurt peut-être
tout-à-l’heure –
ce coeur blessé celui-là même qui
habite le pain et le sang des
enfants à la pointe invisible
et si belle des couteaux
bascule ses ailes sous
le gris de ta peau encore
roseau – être sans âge est-il venu?
en ces lieux où tes larmes te
mènent t’offrant la
vulnérabilité qui
délivre le pouvoir de
n’en n’avoir aucun
tu vois l’encens de ton
existence partir en
fumée fumée toute fine
en spirale à
l’infini des oiseaux dansant
des lèvres muettes des mouettes
des mots des
points qui deviennent si
minuscules qu’ils révèlent
des oublis à venir
et tu disparais au
loin au
loin
derrière la mer qui bouge –
et sur la vitre rouge tout s’efface
d’un
regard affectueux je te suis
invisible
au bois de tes larmes –
Sauvage douceur de la rose éclose sur le fil scintillant de l’horizon silencieux