O mon amie
je sais les nuits sans soleil
les jours sans troubadour
et le cri du hibou
au fantôme d’un banc
la nuit sur les cheveux blanchis
et le rêve en arête de poisson qui
flanche salement
O mon amie
je sais les rochers en château dans
le ciel et ton âme au fond de l’eau
les remous et les troubles et
les marteaux qui par lassitude
cognent aux portes de verre
sous la bottine à la semelle fine
les cailloux de la route rendent
vulnérables ce qui cherche à
s’enraciner
tu marches vite du lilas au début
du chemin des pissenlits attroupés à
la fin
et toi qui va nulle part
O mon amie
je sais l’encre noire et envoûtante du
scarabée où l’on aimerait lire un
signe qui briserait le miroir du
malheur sur le champ
devant la porte la souris morte
est sans chat elle enseigne le
pardon qu’à la fin il reste un jardin
O mon amie
je sais l’impuissance des reins à
pousser plus loin le bateau ivre
la fatigue aux tresses de rides
le bol vide sur la table vide
la vache me regardant s’étonne
de si peu de corne
je parle seule elle rit et ma
voix comme une feuille au vent va
et reprend
jusqu’à confondre ce qui aboie
O mon amie
je sais le large et le libre
le vrai et le doux et je me trompe
encore de paysage quand
revient dans ma bouche un
goût de lait et d’éternel qui
me ficelle au silence de l’été
je ne peux t’offrir que
la crécelle d’un épi
sans même que tu le saches
Magnifique !
C’est étrange une fois encore cette poésie est venue me chercher pour me chuchoter à l’oreille un je ne sais quoi de tout proche qu’il me semble reconnaître !
🙂